Catégories: Economie
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25 juillet 2024 15 h 10 min

« BCE: Gérer les Risques Climatiques »

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Frank Elderson, membre influent du conseil de direction de la Banque centrale européenne (BCE), se consacre principalement à la surveillance des banques systémiques – les 113 entités financières les plus notables de l’eurozone. Son domaine d’expertise se concentre sur les effets du changement climatique sur la stabilité financière de ces institutions. En 2020, Elderson a défini des règles forçant ces banques à analyser leurs menaces climatiques. Devant la lenteur de certaines à se conformer, il envisage d’infliger des sanctions financières quotidiennes.

Votre mission consiste à surveiller les banques pour maintenir leur stabilité financière. Le changement climatique est une grave préoccupation, comment cela affecte-t-il la stabilité financière?

Il existe deux types de menaces : les risques physiques et ceux associés à la transition climatique. Les risques physiques sont évidents : feux de forêt, inondations, sécheresses… Si vous êtes une banque et financez des habitations situées dans des régions inondables, cela influe sur votre risque de crédit. Si vous financez des habitations dans des régions propices aux incendies de forêt, et que les compagnies d’assurance sont réticentes à assurer ce type de dommages, cela accroît votre risque de crédit.

Outre cela, il y a les risques liés à la transition. Les gouvernements se sont engagés à orchestrer une transition ordonnée vers une économie exempt de carbone. Mais cela génère aussi des risques pour les banques. Une banque est à risque, par exemple, lorsqu’elle soutient des entreprises qui produisent des voitures à combustion interne, et que cette technologie devient prohibée. Les banques sont donc tenues de surveiller ces entreprises et de vérifier qu’elles ont un plan de transition conforme à la nouvelle réglementation.

Face à ces menaces, que requiert la BCE des banques?

Nous avons lancé une conversation avec elles en 2019. Seulement moins d’un quart de ces entités avaient pris des mesures pour gérer leurs risques climatiques – un niveau loin d’être suffisant. Par conséquent, en 2020, nous avons dévoilé nos attentes prudentielles en matière de climat et d’environnement, qui expliquaient comment elles devaient évaluer ces risques, avec une date limite fixée à la fin de 2024.

Dans notre rôle d’autorité prudentielle, nous exigeons des banques qu’elles identifient les risques. On ne leur demande pas de rendre leurs politiques plus écologiques, n’est-ce pas ?

Effectivement. Comme je l’ai souvent mentionné dans mes allocutions, nous ne créons pas de politiques en relation avec le climat et la nature. C’est du ressort des politiciens élus, contrairement à nous. Notre rôle consiste à veiller à la solidité et la sécurité des banques. Pour y arriver, nous devons nous assurer qu’elles gèrent tous leurs risques, qu’ils soient de nature cybernétique, géopolitique ou climatique. Il est donc possible qu’elles continuent à soutenir financièrement des entreprises qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre, à condition qu’elles gèrent les risques qui y sont associés.

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