L’économiste et eurodéputée Aurore Lalucq de Place publique entame son second mandat et sera probablement élue présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen ce mardi 23 juillet. À l’instar de la majorité des socialistes français, elle a voté en faveur du second mandat d’Ursula Von der Leyen en tant que présidente de la Commission européenne. Von der Leyen s’appuie sur une majorité formée à Strasbourg autour des chrétiens-démocrates du Parti populaire européen (PPE), des sociaux-démocrates (S&D) et des libéraux de Renew.
En analysant le premier mandat d’Ursula von der Leyen, Lalucq insiste sur le fait qu’au cours des cinq dernières années, des défis majeurs ont remodelé l’Union européenne (UE). Elle mentionne le Covid, le conflit ukrainien, la crise de l’énergie, le triplement en dix ans du déficit commercial avec la Chine, et le mouvement américain vers les technologies vertes avec l’Inflation Reduction Act. Pour Lalucq, ces défis ont mis à l’épreuve l’UE et ont contribué à bouleverser certains tabous, poussant l’UE à abandonner le néolibéralisme.
Cependant, Lalucq déclare que ces changements ne suffisent pas. Selon elle, l’enjeu est que l’UE se perçoive non plus seulement comme un marché puissant mais comme une puissance économique. Les questions économiques et industrielles seront cruciales dans le prochain mandat, avec une concentration particulière sur les technologies vertes, dont 60% des chaînes sont actuellement détenues par la Chine. De plus, les États-Unis investissent massivement dans leur industrie verte, visant à une révolution verte et à l’autonomie stratégique. La Chine a également une doctrine visant la soumission économique de l’UE à des fins politiques. La question reste donc: quelle sera la réponse de l’Europe ?
Pour être efficace, elle doit adopter une philosophie systémique. Celle-ci doit envisager de développer des compagnies puissantes dans le digital et l’industrie écologique – où se trouvent les ténors européens ? Elle doit se munir d’instruments tangibles pour atteindre ses objectifs. Par exemple, la capacité à financer, qui demande des ressources dédiées à l’Union.
Actuellement, Ursula von der Leyen se concentre sur des fonds privés, favorisés par une union des marchés de capitaux, mais reste vague sur la stratégie à adopter pour collecter des financements publics…
Cette union des marchés de capitaux est une excellente initiative. Cependant, elle nécessite une standardisation législative dans certains secteurs, l’instauration d’un contrôleur unique, ou encore la création d’une chambre de compensation robuste, et cela prendra du temps. Cette union ne doit pas reposer uniquement sur notre capital politique, ce serait risqué. Des fonds d’Etat sont également nécessaires, à l’instar des U.S.A, grâce à des crédits fiscaux. Ce qui fait défaut actuellement, c’est une politique industrielle réfléchie, où l’autorité publique dirige les actions.
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