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« Loopsider » bouleversé par IA clonant voix

Loopsider, le leader du contenu vidéo, a toujours maintenu que les technologies modernes sont essentielles à son fonctionnement. Cependant, des désaccords commencent à apparaître en interne, principalement concernant l’intelligence artificielle (IA). Créée en 2017 par Johan Hufnagel, ancien directeur de Libération, Giuseppe de Martino, ex-directeur général de Dailymotion, et Arnaud Maillard, ancien cadre de Discovery, l’entreprise, rivale de Brut, atteint désormais entre cinq et sept millions d’individus chaque jour grâce à ses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
« La R&D [recherche et développement], les données et les algorithmes chez Loopsider sont des éléments fondamentaux de nos projets éditoriaux », déclarait Harold Grand, rédacteur en chef, sur LinkedIn fin juin, en vantant l’IA Sherpai, qui analyse les performances des vidéos sur toutes les plateformes et réseaux sociaux. En mai, plusieurs journalistes de Loopsider, dont 45 % des actions appartiennent à CMI France (Elle, Télé 7 Jours, Franc-Tireur) depuis 2023, ont reçu des messages privés de sa part demandant des échantillons vocaux pour « tester une IA », garantissant que ces essais ne seraient pas diffusés en ligne.

Le soir du 30 juin, à l’issue du premier tour des législatives anticipées, plusieurs personnes ont été choquées de découvrir que leurs voix clonées se trouvaient sur au moins quatre vidéos en ligne. Le lendemain, le 1er juillet, des employés expriment leurs préoccupations à la direction. «La majorité d’entre nous n’avait aucune idée que nos voix allaient être utilisées et à ce titre, nous n’avions également pas été informés de l’objectif de cette action», ainsi le disent beaucoup des journalistes permanents et pigistes de l’entreprise dans un mail consulté par Le Monde. Seuls les journalistes en alternance et les stagiaires, principalement en charge du montage de courtes vidéos, avaient été informés de l’usage de l’IA, comme l’ont rapporté plusieurs employés.
«Nous n’avons consenti à aucune diffusion», insistent de plus les signataires. Ils ne contestent pas l’utilisation de l’IA «en son ensemble», mais réclament la création d’une charte sur les pratiques de l’IA. Cela comprend l’élimination des voix de tout journaliste ne voulant pas que leur voix IA soit diffusée.
Pour ceux qui n’y voient aucune gêne, ils sollicitent que l’utilisation des voix IA concerne le format le plus court, soit rémunérée et fasse l’objet d’un accord écrit. Enfin, les journalistes signataires plaident en faveur que lorsqu’ils quittent la rédaction, «le retrait de leur voix IA soit inscrit dans le marbre» et demandent à être informés du sujet où leur voix serait utilisée avant la diffusion.
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