En réponse à l’adaptation au réchauffement climatique, un décret attendu depuis longtemps par les travailleurs de la construction et des travaux publics a été publié le 28 juin dans le Journal officiel. Ce décret ajoute les vagues de chaleur à la liste des conditions météorologiques extrêmes qui permettent le chômage technique sur les sites de construction.
« Nous plaidions en faveur de ce changement depuis 2018 lorsque nous avons commencé à observer de graves problèmes sur les chantiers dus aux canicules », explique Frédéric Mau, secrétaire de la fédération CGT Bois et construction. Il se réjouit de cette avancée et voit là un « signal politique majeur : il est désormais universellement reconnu que travailler en extérieur par des températures de 40°C est un risque avéré pour la santé ». Il illustre son propos en citant les travailleurs chargés des travaux de rénovation des routes. « L’asphalte est à une température de 150-160°C. Imaginez-vous marcher dessus par une température extérieure de 40°C… La température ambiante peut atteindre 80°C, nous l’avons mesuré ! Nous avons constaté des cas d’évanouissement, y compris chez des travailleurs expérimentés ».
Santé publique France a signalé en février que onze accidents du travail mortels liés potentiellement aux vagues de chaleur ont eu lieu durant l’été 2023, près de la moitié d’entre eux survenant dans le domaine de la construction et des travaux publics. Ce bilan figure dans leur rapport « Canicule et santé ». Selon le secrétaire fédéral CGT, ces chiffres sont sous-estimés car « il est évidemment plus difficile d’attribuer un décès à un malaise dû à la chaleur qu’à une chute mortelle ».
Le régime de « chômage intempéries », qui a été instauré dans l’industrie du BTP après la deuxième guerre mondiale, a été révisé par un nouveau décret. À l’époque de sa création, la France n’était pas encore habitué aux vagues de chaleur estivales. Ce régime offre une compensation financière aux travailleurs qui doivent arrêter leurs activités en raison de conditions météorologiques défavorables (vents forts, précipitations importantes, neige, gel). Cela permet également aux entreprises de partager collectivement les risques via une contribution à un fonds de réserve qui finance cette compensation.
Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, une entité influente dans l’industrie du BTP, s’est félicité de cette innovation lors d’une conférence de presse le mercredi 10 juillet. Il a expliqué que le régime serait activé en cas d’alerte orange ou rouge déclarée par Météo France. S’il y a un arrêté préfectoral, les salaires des travailleurs seraient automatiquement remboursés. Mais en 2024, la caisse des congés ne remboursera que 80% du salaire, laissant le reste à la charge des entreprises.
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