Catégories: Economie
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15 juillet 2024 19 h 12 min

Belgique : Arrivée nouveaux exilés fiscaux français

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Face à l’issue surprenante du second tour des élections législatives françaises du 7 juillet, organisées par le Nouveau Front populaire (NFP), les Belges sont curieux de savoir si de nouveaux « expatriés fiscaux » viendront s’installer à Bruxelles. Auparavant, ils avaient plaisanté en surnommant ces nouveaux arrivants les « SDF », soit « sans difficultés financières ».

Un cadre d’une banque belge, filiale d’une entreprise française, déclarait le vendredi 12 juillet qu’il avait été sollicité par de nombreux Français fortunés envisageant l’expatriation, mais il n’a partagé aucun détail et a préféré rester anonyme. Ses déclarations étaient soutenues par un banquier privé et le directeur d’une grande agence immobilière, qui ont également choisi de garder leur identité secrète.

Le 10 juillet, le journal économique belge L’Echo a publié un article intitulé « Les élections françaises stimulent l’exil fiscal vers la Belgique ». Le sujet avait disparu de l’actualité, mais il suscite à nouveau l’intérêt car certains qui ont traversé la frontière pour préserver leur fortune se sont progressivement intégrés dans le paysage belge, tandis que d’autres sont retournés en France.

Ceux qui sont restés en Belgique vivent dans les quartiers aisés de Bruxelles comme Uccle, Ixelles et Woluwe-Saint-Pierre, où ils ont fait monter les prix de l’immobilier et attiré divers commerces. Certains sont revenus en France après l’avoir quittée dans les années 1995-1997 lorsque Alain Juppé, alors Premier ministre, voulait réviser l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), ou en 2012, lorsque François Hollande, alors candidat socialiste à l’élection présidentielle, envisageait de taxer à 75% les revenus dépassant 1 million d’euros.

Tout cela montre une réticence à « donner son argent au désordre ».

« Quelques-uns de nos clients ont décidé de revenir en France lorsque la loi des finances de 2018 a aboli l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). Cependant, ils se montrent préoccupés par sa possible remise en place, tout comme ils le sont par les propositions fiscales de la gauche en matière de bien mobilier et de reconsidération de l’Impôt Forfaitaire Unique (PFU) », déclare un des banquiers interrogés. Instauré en 2018, le PFU représente une taxation de 30% au plus (12,8 % + 17,2 % de contributions sociales) sur les revenus du capital et les gains. Il s’applique aux actions, les obligations, les titres de créances, entre autres. Un autre banquier basé à Bruxelles commente, avec un sourire, que « Depuis le dimanche 7 juillet 2024, certains clients, anciens ou nouveaux, ont contacté leurs correspondants à Bruxelles et à Genève ».

Parmi ceux qui ont précédé les éventuels candidats à l’exil, on compte l’homme d’affaires Bernard Tapie, des membres des familles Taittinger, Darty, Halley (Carrefour), le commissaire-priseur Jacques Tajan, le parfumeur Jean-Paul Guerlain, quelques figures de proue de l’économie moderne, ainsi que l’acteur Daniel Auteuil et le joueur de tennis Henri Leconte. De plus, le très traditionnaliste Pierre-Edouard Stérin, milliardaire catholique candidat à l’acquisition du magazine Marianne et responsable du fonds d’investissement Otium Capital, réside en dehors de Quiévrain depuis 2012, suite à l’instauration d’une « exit tax » par le président Nicolas Sarkozy.

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