La banderole est là depuis des années maintenant, insensible aux effets du temps. Sur un bâtiment, on peut y lire: « Dernière ligne droite pour démarrer Flamanville 3 », avec des lettres bleus sur un fond blanc, situé entre la mer Manche et une falaise de granit. Depuis mai dernier, soit presque dix-sept ans après la première couche de béton, EDF est en train de mener des tests pour enfin démarrer un nouveau réacteur nucléaire en France: le troisième de la centrale de Flamanville en Normandie. L’anticipation est donc palpable pour cet événement qui était initialement prévu pour 2012. C’est un événement rare, qui n’a pas eu lieu depuis un quart de siècle et la « tranche » numéro 2 de Civaux (Vienne).
Il reste encore quelques étapes à franchir avant que ce nouveau réacteur puisse alimenter des centaines de milliers de foyers en électricité. Alain Morvan, directeur du « projet Flamanville 3 », explique lors d’une visite organisée pour quelques journalistes, le mardi 9 juillet, un jour de pluie sur la presqu’île du Cotentin: « Il n’y a pas besoin d’insister, je ne peux pas vous donner une date précise aujourd’hui ».
Du point de vue légal, l’EPR (European pressurized reactor) de Normandie est déjà reconnu comme le 57ème réacteur en exploitation en France. Le 7 mai, l’Autorité de sûreté nucléaire lui a accordé son autorisation d’exploitation. « C’est un moment très important que nous attendions tous », résume M. Morvan.
Dans un premier temps, le remplissage de la cuve du réacteur avec du combustible a été rendu possible en l’espace d’une semaine. Le processus a impliqué 241 assemblages d’uranium naturel enrichi. L’entreprise publique a procédé à des tests sur le circuit primaire avec de l’eau chauffée à 110°C. Maintenant, l’objectif est de reproduire ces essais à une température de 303 °C et une pression plus élevée de 155 bars pour atteindre les normes opérationnelles.
Concernant les étapes suivantes, la première réaction en chaîne de fission nucléaire marquera le début de la montée en puissance du réacteur. Selon Luc Rémont, PDG d’EDF, qui s’exprimait lors des Rencontres économiques d’Aix le samedi 6 juillet, cette divergence technique métaphorique est attendue dans quelques jours ou semaines. Elle coordonnera le mouvement des neutrons entrant en collision avec les atomes, les uns amplifiant les autres. En d’autres termes, ce sera le début de l’activité du cœur du réacteur. François Tronet, formateur des futurs opérateurs de l’EPR a noté que « la puissance nucléaire continuera d’augmenter et la température de l’eau du circuit primaire montera, sans produire d’électricité pour l’instant ».
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