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« 2024: L’an I de l’informatique quantique »

La présence simultanée en deux endroits à la fois est non seulement un phénomène courant dans nos esprits, mais elle a également une base dans la réalité physique. C’est un des aspects de la physique quantique, la science qui explique les caractéristiques des atomes et particules. Cette branche scientifique, qui a plus de cent ans et qui a permis l’émergence de l’électronique moderne, des lasers aux semi-conducteurs, est toujours en développement. Depuis les années 1970, les chercheurs essaient de concevoir un ordinateur quantique qui utiliserait des particules à la place des puces informatiques, bouleversant ainsi le monde de l’informatique.

L’année 2024 pourrait marquer le début de cette transformation radicale. Pasqal, une entreprise française cofondée par Alain Aspect, lauréat du Prix Nobel de physique en 2022, a révélé trois développements cruciaux sur le chemin long et sinueux de cette technologie vers son application pratique et industrielle. Le premier d’entre eux est la livraison de leur premier ordinateur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, le 19 juin. Ensuite, ils ont signé deux contrats avec des entreprises établies : le pétrolier saoudien Aramco et le transporteur français CMA CGM, qui va non seulement investir dans la start-up, mais également former ses ingénieurs à la quantique et utiliser les machines de Pasqal. Pour couronner le tout, une avancée technologique significative a été réalisée en terme de capacité.

Amplification de puissance.

Pasqal et IBM sont parmi les premières entreprises à avoir franchi le seuil des cent atomes manipulés simultanément grâce à la technologie des « atomes neutres » et des pinces à laser, qui permet d’augmenter la capacité de calcul des machines. Le 25 juin, Pasqal a réussi à manipuler mille atomes, ou plutôt « qubits », terme emprunté à l’informatique. Les experts estiment que cette quantité pourrait enfin démontrer la supériorité du calcul quantique sur les ordinateurs traditionnels, notion connue sous le nom de « suprématie quantique », attendue depuis 50 ans.

Suite à la signature d’un partenariat le 6 juin, IBM et Pasqal font valoir que leur technologie permet une escalade de la puissance informatique plus aisée que les alternatives. Pour l’année 2026, on s’attend à atteindre la barre des 10 000 qubits. Grâce à cela, des calculs qui auraient pris des millénaires sur un ordinateur conventionnel seraient réalisables en quelques secondes.

Cela représente un potentiel d’innovation sans précédent dans des secteurs tels que l’énergie, la chimie, les transports ou les finances. Il est important de noter que, bien que ces machines ne sachent que calculer et non pas « raisonner » avec un algorithme comme le ferait un ordinateur, elles représentent un complément potentiellement révolutionnaire, similaire à une puce informatique des millions de fois plus rapide et économe en énergie.

Finalement, malgré la morosité actuelle, le bond quantique marque le début d’un nouveau chapitre prometteur pour la recherche française.

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