Le lundi 8 juillet, un soupir général sans grand enthousiasme a été ressenti suite à l’annonce du jugement du tribunal de commerce de Strasbourg qui a approuvé l’unique proposition reçue pour Ascometal, acteur de poids dans l’industrie européenne des aciers spéciaux. Cette proposition émane de Greybull Capital, une société de fonds d’investissement britannique. Avec cette nouvelle, une longue période d’incertitude prend fin. L’entreprise en difficulté a été mise en redressement judiciaire en mars dernier, suite au retrait de l’actionnaire Swiss Steel. Deux repreneurs potentiels, l’italien Venete et le français Europlasma, se sont désistés, laissant Greybull seul en course lors de l’audience du 28 juin.
L’aciérie de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône, 330 employés) a été reprise par l’industriel italien Marcegaglia en fin mai, mais quatre autres sites, employant 780 personnes, étaient toujours en attente de repreneur. Parmi ceux-ci se trouvent l’aciérie de Hagondange (Moselle), où se trouvent le siège social et un centre de recherches, ainsi que les sites de production de Custines (Meurthe-et-Moselle), du Marais à Saint-Etienne (Loire) et des Dunes à Leffrinckoucke (Nord), près de Dunkerque. D’ici le 20 juillet, tous ces sites passeront sous pavillon britannique, et changeront probablement de nom. Greybull s’est engagé à maintenir 760 emplois, ce qui représente la quasi-totalité des postes.
Yann Amadoro, représentant du syndicat CGT, exprime un soulagement prudent suite aux dernières nouvelles, s’interrogeant sur la durabilité de leur situation. Il souligne les inconnues et les risques associés au projet actuel, en particulier la perspective que leur entreprise soit revendue par un fonds d’investissement dans trois ou quatre ans.
Le plan de reprise est soutenu par Greybull, un syndicat spécialisé dans l’achat de compagnies en difficulté. Leur expérience s’étend à divers secteurs, à travers tout l’Europe, et comprend des parcours d’entreprises réussis et ratés. Greybull prévoit, aux côtés d’un engagement de l’État à verser un prêt de 85 millions d’euros, 90 millions d’euros d’investissement dans l’entreprise – mais pas avant un an, insiste M. Amadoro. Les travailleurs craignent que le changement de gouvernement pourrait compromettre cette situation, bien que leur soit assuré que non.
Le projet lui-même est audacieux, impliquant une diversification hors du secteur automobile et l’exploration de marchés dans le domaine de la mécanique, de l’énergie et de l’armement. La possibilité de la fabrication d’obus de 155 millimètres pour les canons français Caesar en Ukraine est en cours d’examen.