« Nous avons posé nos stylos. » Voilà comment un directeur anonyme d’un fonds d’investissement à Paris décrit l’attitude prédominante parmi les cercles économiques face à la conjoncture politique actuelle : suspendre toute action pour observer la direction de l’évolution de la situation. L’alarme et la passivité ponctuent le sentiment dominant parmi les investisseurs nationaux et internationaux face à la possibilité d’une grande instabilité après le deuxième tour des élections législatives, ce dimanche 7 juillet. Emmanuel Macron a amplifié ce sentiment en évoquant, avant le premier tour, sa crainte d’une « guerre civile » en cas de victoire du Rassemblement national (RN) ou du Nouveau Front populaire (NFP).
A notre connaissance, aucun plan d’investissement ou d’expansion industrielle n’a été annulé ou reporté jusqu’à présent, mais de nombreux entrepreneurs envisagent l’avenir avec appréhension. Pascal Cagni, qui dirige le fonds d’investissement C4 Industries, admet : « Beaucoup d’investisseurs avec qui nous avons discuté ces derniers temps sont tout aussi inquiets et attentifs quant à l’évolution de la situation en France. Nous sommes dans un mode de ‘‘attendre et voir’’ total ».
Il y a à peine moins de deux mois, lors du forum Choose France qui a eu lieu à Versailles le 13 mai, la pluie d’investissements étrangers affluait sur le pays. C’était un record, avec près de 15 milliards d’euros d’investissements loués par le président de la nation lui-même, un portefeuille de vingt-huit projets au total, dont certains menés par les géants américains Microsoft, Amazon, Pfizer, etc.
Malheureusement, le vent d’inquiétude souffle désormais sur les PME.
Aucune déclaration n’a été faite par ces groupes suite à la dissolution de l’Assemblée nationale. Cependant, l’incertitude n’est pas l’alliée idéale dans ce contexte. « La déstabilisation politique peut nuire au financement et à la constance des activités, ce qui peut rendre la France moins intéressante. Les investisseurs sont attirés par la prévisibilité et la stabilité », commente Antoine Moyroud de Lightspeed Venture Partners, un fonds de capital-risque de la Silicon Valley qui a soutenu plusieurs start-ups françaises, y compris Mistral AI.
Ce sentiment d’inquiétude touchent aussi les chefs d’entreprise des PME. Un sondage réalisé par la Confédération des petites et moyennes entreprises, publié dans Les Echos le 27 juin et effectué avant le premier tour des élections législatives, montre que 35 % des 1 066 dirigeants de PME et TPE jugent la stabilité politique comme « essentielle». A cela, 47 % d’entre eux redoutent une diminution de l’activité dans les mois prochains. Le climat se durcit encore plus avec la publication le 27 juin du baromètre de L’Usine nouvelle, révélant les difficultés de la réindustrialisation française. Depuis le début de l’année, le nombre d’usines fermées ou menacées de fermeture (trente-sept au total, selon le magazine) a surpassé le nombre d’ouvertures (vingt-trois), une première depuis le pic de la crise de Covid-19 en 2020.
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