Il nécessitait une foi inébranlable pour continuer à croire que la Maison des médias libres verrait le jour. Néanmoins, elle devrait ouvrir ses portes d’ici fin 2026, après la rénovation des locaux, situés au 70, boulevard Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris. Le mardi 25 juin, le Conseil de Paris a approuvé à l’unanimité la vente du bâtiment à un consortium composé du riche Olivier Legrain et de la foncière Bellevilles, créateurs de multiples espaces à vocation sociale, en attendant d’autres investisseurs potentiels. Une fois les rénovations terminées, le coût total du projet s’élèvera à entre 25 et 30 millions d’euros, selon une source proche.
Le processus a commencé en 2018, lorsque quatre-vingts organisations partenaires et médias ont répondu à l’appel à projet de « Réinventer Paris », explique Agnès Rousseaux, directrice de Politis, qui dirige le comité de pilotage créé en 2021, comprenant aussi Politis, Basta !, Regards, Blast, Les Jours, Alternatives économiques et Hors-Série, la version cinématographique d’Arrêt sur images. Un an après, la Mairie de Paris rejetait leur candidature pour un bâtiment sur le boulevard de Charonne, inaugurant une période de doute sur la réalisation du projet.
Une réunion publique a été prévue le mardi 2 juillet pour revitaliser le projet. « L’objectif est d’identifier les médias intéressés à participer à cette initiative », ajoute Mme Rousseaux. Certaines organisations initialement impliquées pourraient avoir quitté le projet en raison d’un changement de direction, d’une disparition ou de désaccords internes, tandis que d’autres pourraient être intéressées à les rejoindre en tant que locataires ou partenaires.
« Développer des liens collaboratifs »
Une demande de permis de construction sera déposée en septembre pour l’aménagement des trois prochains étages en espaces de travail partagés. Un sous-sol pour les studios de radio et de télévision, ainsi qu’un rez-de-chaussée destiné au public qui comprendra un café-librairie et des zones dédiées aux réunions, aux conférences et au coworking. Les 4 000 mètres carrés de cet édifice autrefois industriel sont prévus pour « influencer positivement le quartier et la ville », tout en soutenant « la défense de la presse écrite et la diversity dans le milieu des médias ».
Certains diront que c’était temps. « Ce projet s’inscrit dans notre processus de réflexion sur la manière de construire des liens durables en cette période spécifiquement complexe pour la liberté de la presse », fait remarquer Mme Rousseaux, dont le journal qu’elle supervise est en cours de transformation en une coopérative. Entre les menaces planees sur les subventions à la presse, les plans de démantèlement de l’audiovisuel public et l’impudence béat de certains médias du groupe Bolloré et la fragilité de nos modèles économiques, le contexte est plus qu’alarmant. D’où l’importance pour ces médias, souvent en situation de vulnérabilité, de combiner leurs forces et d’identifier des synergies et des ressources supplémentaires.
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