L’Autorité de la concurrence a mis en garde contre l’énorme avantage dont bénéficient les grandes entreprises de technologie dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Cette alerte a été émise par l’autorité sous la présidence de Benoît Cœuré le vendredi 28 Juin. Ayant pris l’initiative d’analyser ce domaine qui est devenu une pièce maîtresse des discussions publiques et économiques depuis l’introduction d’assistants tels que ChatGPT, capables de produire des textes et des images, en fin 2022. L’Autorité formule des suggestions pour essayer de freiner la suprématie de l’IA par de grandes firmes telles que Google, Microsoft et son partenaire OpenAI, Apple, Amazon ou Meta.
Les titans de la technologie sont favorisés car ils ont accès aux ressources clés pour le développement de l’IA, qui pose des obstacles pour leurs rivaux, remarque l’Autorité. Ces ressources comprennent les processeurs spécialisés pour l’IA comme les coûteuses puces de Nvidia, les services de calcul en ligne pour former et diffuser des modèles d’IA aux entreprises, d’importants volumes de données à travers leurs services propriétaires tels que YouTube (Google) et des « compétences rares et très prisées » ainsi qu’une forte capacité de financement.
« Cet avantage est accentué par leur intégration dans l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA ainsi que dans les marchés connexes », ce qui leur assure « des économies d’échelle », mais aussi « l’accès à un nombre critique d’utilisateurs », souligne le rapport. Par exemple, Google intègre ses services d’IA dans son moteur de recherche, Microsoft dans sa suite bureautique Office, Apple dans ses iPhones, Meta dans ses réseaux sociaux Facebook et Instagram…
Un appel à la « vigilance » a été lancé.
Pour éviter l’hégémonie potentielle, l’organisme chargé de la régulation conseille d’étudier l’inclusion de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le cadre du Digital Markets Act, le réglement européen sur les marchés numériques. L’objectif serait de s’intéresser aux « services qui donnent aux entreprises la possibilité d’accéder aux modèles d’IA générative dans le cloud ». Il s’agit de l’activité de distribution, effectuée par les géants du cloud comme Amazon, Microsoft ou encore Google, qui partagent leurs propres modèles d’IA ou ceux développés par des tiers (tels que OpenAI, le propriétaire de ChatGPT, Anthropic ou le français Mistral). Par exemple, Microsoft a un accord exclusif avec OpenAI et seulement Google diffuse ses propres modèles. Le Digital Markets Act pourrait contraindre les distributeurs et les fabricants d’IA à favoriser la concurrence. C’est une proposition déjà mentionnée par la députée européenne (Renew) Stéphanie Yon-Courtin et par Bercy.
D’après l’avis, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes devrait également porter une « attention spéciale » aux avantages octroyés gratuitement par les géants du cloud aux start-up de l’IA, qui pourraient les confiner dans leur propre écosystème.
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