En dépit du climat politique actuel, le Ministère de l’Économie continue de mener ses opérations. Le 27 juin dernier, Bercy a confirmé la signature d’une promesse d’achat à Nokia concernant 80% des actions d’Alcatel Submarine Networks (ASN), une filiale spécialisée dans la fabrication et l’installation de câbles sous-marins de télécommunication du groupe finlandais. L’évaluation attribuée à l’entreprise lors de l’opération s’élève à près de 350 millions d’euros, incluant la dette. Après déduction de celle-ci, l’Agence des participations de l’État (APE), responsable de la transaction, prévoit de dépenser environ 100 millions d’euros pour l’achat de ce volume d’actions. L’acte de vente devrait être finalisé à la fin de l’année. Nokia conserve 20% des actions restantes, tandis que l’État possède des options d’achat pour acquérir éventuellement cette part résiduelle.
Le géant finlandais, qui avait acquis ASN lors de l’achat d’Alcatel-Lucent en 2015, avait lancé une reflexion il y a deux ans de cela concernant l’avenir de cette entreprise au sein de son groupe. « Les acheteurs intéressés ne correspondaient pas pleinement à nos attentes, raison pour laquelle nous avons décidé d’effectuer l’achat directement », explique Bercy, convaincu du potentiel stratégique de la société. En effet, 99% du trafic internet au niveau global passe par des câbles sous-marins, et la France, avec sa côte maritime, reste un point crucial du réseau.
De plus, le chiffre d’affaires de l’entreprise a doublé en l’espace de cinq ans. La destruction du gazoduc Nord Stream en mer Baltique en septembre 2022 a mis en lumière la possible vulnérabilité des infrastructures sous-marines. Par ailleurs, ASN, en plus de son usine de Calais, la plus grande en Europe, dispose de sept navires, dont deux sont spécialement conçus pour des opérations de réparation ou de maintenance.
Nokia avait précédemment essayé de vendre ASN en fin 2018. Cette entreprise a bénéficié au fil des années du dynamisme exceptionnel de son secteur, stimulé par les géants du digital tels que Google et Facebook, qui sont devenus les principaux installateurs de câbles sous-marins dans le monde.
En l’espace de cinq ans, elle a réussi à doubler son chiffre d’affaires qui s’élève à 1,12 milliard d’euros en 2023. Pour augmenter les capacités de production et de stockage de son usine basée à Calais, elle a investi au-delà de 100 millions d’euros en 2021 et 2022. Cela a permis à l’usine d’employer un peu plus de 600 individus et environ 400 travailleurs sous-traitants.
ASN possède également une usine à Greenwich, près de Londres, dédiée à la fabrication d’amplificateurs. Cette entreprise partage son marché avec l’entité américaine SubCom et le japonais NEC.
« Pas de discussion sur les effectifs »
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