Catégories: Economie
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24 juin 2024 8 h 12 min

Vote des classes moyennes: peur déclassement

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Yvon Le Flohic, un médecin généraliste à Ploufragan dans la région de Saint-Brieuc, n’est pas surpris par la victoire du Rassemblement national (RN). Ploufragan est une région française typique, avec un revenu annuel moyen de 23 010 euros en 2021, presque équivalent à la moyenne nationale de 23 160 euros. En 2020, un quart de la population était composé de retraités. Pour ceux qui travaillent, 20% sont ouvriers, 30% employés, 30% de professions intermédiaires et 13% de cadres ou professions supérieures. Malgré son emplacement en Bretagne, une région historiquement résistante aux extrêmes et non affectée par la désindustrialisation, le chômage ou l’insécurité, le RN a trôné en position dominante.

Le 9 juin, la liste de Jordan Bardella gagne les élections européennes dans les Côtes-d’Armor, obtenant 28,21 % des votes (27,11 % à Ploufragan). En 2019, la liste de Renaissance était victorieuse et Marine Le Pen détenait 19 % du vote. Le Flohic observe une variété de personnes dans son cabinet médical et explique qu’ils étaient confiants sur le résultat. Il mentionne également que les gens se sentent négligés et non représentés, perdant foi en les institutions, un sentiment qui ne date pas d’hier.

Sur le plan national, le mécontentement des classes moyennes s’est manifesté le 9 juin, à l’occasion des élections européennes. Certains se sont abstenus tandis que d’autres ont opté pour le RN, traditionnellement ancré dans les classes populaires. L’étude menée par OpinionWay a révélé que 41% des ménages gagnant entre 1 000 et 2 000 euros par mois ont voté pour Jordan Bardella. Il en est de même pour 33% de ceux qui gagnent entre 2 000 et 3 500 euros par mois. C’est une progression sociologique : le RN a gagné dix points parmi les employés entre 2019 et 2024, et quinze points parmi les professions intermédiaires.

L’inflation s’est ajoutée à cette inquiétude, remettant en question les modes de vie et les convictions. Mathieu Plane, directeur adjoint du département des analyses et prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), rappelle : « Nous n’avions pas connu une telle augmentation des prix depuis quarante ans. À l’époque, tous les salaires étaient indexés sur les prix. C’est la première fois que nous vivons une crise d’inflation sans cette protection ».

Avec l’explosion des prix de base, notamment une augmentation de 20 % des denrées alimentaires en deux ans et une hausse de 70 % du coût de l’électricité en cinq ans, les familles à revenu moyen ont dû modifier drastiquement leurs modes de consommation. Elisabeth, qui a 56 ans et vit sur la côte varoise, a choisi de rester anonyme. Elle raconte qu’elle est obligée de calculer chaque euro dépensé lors de ses achats depuis plusieurs années. Et elle n’est pas la seule à faire des calculs minutieux lors de ses courses, elle a remarqué la même tendance chez d’autres. En outre, toutes les dépenses sont soigneusement planifiées. Elle ne peut plus se permettre des vacances ou d’épargner. On peut lire le reste de cet article, soit 72,63 %, en s’abonnant.

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