La société française Orano vient de se voir retirer par le Niger son permis d’extraction d’uranium à la mine d’Imouraren, l’un des plus grands gisements du globe avec une réserve de 200 000 tonnes. Cette décision n’est ni surprenante ni dramatique pour l’ancien Areva et pour les centrales nucléaires françaises, d’autant plus que l’ouverture de cette mine, prévue en 2015, n’a pas encore eu lieu. Orano avait pourtant pensé débuter des travaux exploratoires en juin pour envisager des tests et éventuellement exploiter le gisement dès 2028.
Mécontente de la France et désireuse d’accélérer ce processus, l’autorité militaire en place avait fixé un ultimatum le 11 juin pour initier les travaux. Leur jugement a conclu que les efforts fournis n’étaient pas suffisants et ils ont fait valoir leur menace. Officiellement, Orano et le gouvernement français minimisent cette nouvelle humiliation de leur ancien protégé, rappelant que « la sécurité d’approvisionnement n’est pas compromise » et que ce gisement « n’est pas du tout critique ».
Le Kazakhstan, leader indiscutable dans ce domaine, reste l’unique source d’exploitation pour Orano. Le site d’Arlit est en fin de vie, tandis que la mine de la Cominak a fermé ses portes en 2021. Ainsi, l’espoir suscité par Imouraren, promis aux Chinois en 2009, s’évapore, et avec lui, le potentiel adieu du Niger à la France nucléaire. Face à ces défis, exacerbés par la baisse des prix du minerai à compter de 2015-2016, la France a redirigé sa politique d’approvisionnement, mais ses options sont limitées.
La principale source d’uranium en Europe provient de quatre pays, à savoir le Niger, le Kazakhstan, le Canada et la Russie, avec le Kazakhstan en tête, contribuant à plus de 45% de la production mondiale. Cette forte production au Kazakhstan a attiré l’attention des autorités françaises, particulièrement intéressées par les ressources minérales abondantes et le pétrole du pays. Par conséquent, le président Macron s’est rendu dans le pays en novembre 2023 pour renforcer les liens entre la France et le Kazakhstan. De plus, la Mongolie, récemment entrée dans le domaine de l’uranium et possédant des réserves prometteuses dans le désert de Gobi, figure également parmi ses cibles.
Cependant, le Kazakhstan reste sous l’influence de la Russie, un autre grand producteur d’uranium. C’est pourquoi l’uranium n’est pas inclus dans les sanctions contre la Russie. Cela sert de rappel que la souveraineté nucléaire de la France dépend également de partenaires complexes et de régions instables qui sont vulnérables aux turbulences de la géopolitique mondiale, qui sont en effet nombreuses actuellement.
Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?