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« Grève à Ouest-France pour salaires, avenir »

Olivier Heurtault, syndicaliste de Force ouvrière (FO), n’arrive pas à se rappeler un tel niveau de mécontentement au sein du journal Ouest-France. Ce jeudi 20 juin, l’opérateur de la presse rotative indique les drapeaux des syndicats qui s’agitent devant le siège du quotidien à Rennes (Ille-et-Vilaine). Tous les groupes représentatifs des employés du titre le plus populaire de France (avec 628 393 copies quotidiennes en 2023) sont présents. À travers le micro de la sonorisation installée sur le trottoir, différents acteurs – journalistes, ouvriers d’imprimerie, personnel de la photothèque, secrétaire et autres – se succèdent pour détailler cette mobilisation qui a entraîné l’absence de l’édition du vendredi 21 juin en kiosque. « Nous vivons une exaspération généralisée, alimentée par de sérieuses craintes concernant l’avenir du journal », commente Olivier Heurtault.

Un débrayage a été déclenché en vingt-quatre heures suite à une rencontre houleuse sur les négociations annuelles obligatoires (NAO). Depuis plusieurs mois, les syndicats réclament une augmentation générale des rémunérations. D’après eux, 40% des employés n’ont pas bénéficié d’augmentation salariale depuis 2012. « La direction a brusquement fermé la porte, avant même de considérer la réduction des jours de congé et du temps de RTT. Cette réponse nous a laissés stupéfaits », révèle Christophe Bredin, journaliste et délégué CFDT.

Le conseil d’administration a été critiqué pour avoir augmenté les salaires des dix employés les mieux payés. Cependant, ils ont indiqué que le salaire total avait augmenté de 10 % entre 2020 et 2023 grâce aux recrutements et augmentations de salaire individuelles ou automatiques. Dans une déclaration interne du 19 juin, ils ont justifié leur décision par la précarité financière de l’entreprise : « Nos dépenses dépassent nos revenus et nous avons un déficit d’exploitation de dix millions. Les prévisions pour la fin de 2024 sont similaires. »

Christelle Guibert, journaliste et représentante du syndicat SNJ, a critiqué l’entreprise pour « parler des deux côtés de sa bouche ». Elle a déclaré : « Actuellement, l’entreprise est en déficit. Il y a quelques jours, le conseil d’administration assurait qu’il avait suffisamment de ressources pour entreprendre de grands projets. » Ouest-France a réussi à rassembler des ressources pour postuler pour une fréquence TNT. Selon les syndicats, le budget nécessaire pour créer une chaîne de télévision serait de 70 millions d’euros. « Cette affaire n’affectera pas directement les comptes d’Ouest-France », a répondu le conseil d’administration du journal aux demandes du Monde. Ces fonds proviennent donc de la holding Sipa, qui possède Ouest-France ainsi qu’un grand nombre de journaux locaux, magazines, radios et sites web. Sous le contrôle de l’Association pour la sauvegarde des principes de la démocratie humaniste (ASPDH), qui garantit l’indépendance du journal en le protégeant de toute acquisition, Sipa est critiquée pour son « manque de transparence » par les employés du journal, qui ne peuvent pas évaluer la santé financière des filiales.

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