Le rassemblement national (RN) a obtenu des succès étonnants lors des élections européennes du dimanche 9 juin, se hissant en tête des résultats dans de nombreuses villes industrielles à travers la France. À Fos-sur-Mer et La Ciotat (Bouches-du-Rhône), la liste dirigée par Jordan Bardella a remporté respectivement 53,81 % et 39,98 % des votes. Plus de 36% des citoyens ont voté pour la liste à Belfort et au Creusot (Saône-et-Loire) et 31% dans le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Le RN a également obtenu 30,9% des votes en Auvergne-Rhône-Alpes et 42,41 % en Hauts-de-France, deux régions industrielles populaires.
Un des résultats remarquables provient de Dunkerque (Nord) et son bassin industriel, en pleine renaissance avec l’installation de plusieurs «gigafactories» pour la production de batteries de véhicules électriques. Dunkerque, souvent considérée comme le fer de lance de la réindustrialisation française moderne et décarbonée, a vu le RN obtenir 38,35% des votes, un score élevé, mais presque modeste comparé à ceux des villes voisines de Gravelines (48,76 %) et Loon-Plage (56,77 %). Ces dernières abritent une centrale nucléaire et accueilleront deux nouveaux EPR2, ainsi que des installations d’ArcelorMittal et Aluminium Dunkerque.
Selon Patrice Vergriete, ancien maire de Dunkerque et actuel ministre délégué aux transports, l’ascension constante de l’extrême droite en France, qui s’inscrit dans une tendance de longue date, ne s’arrêtera pas de sitôt. Il regrette que ce soit maintenant considéré comme un vote stable et souvent même marqué par l’espoir. M. Vergriete souligne que le phénomène ne peut pas être uniquement résolu par la réindustrialisation. Il prône une réponse plus large à la métropolisation en France, nécessitant des actions coordonnées sur plusieurs fronts tels que l’urbanisation, l’emploi, le logement et les transports.
Depuis longtemps, Dunkerque, la ville portuaire du Nord, a souffert du processus de désindustrialisation que la France a traversé ces quarante dernières années. Des séries de fermetures, notamment des chantiers navals en 1987 et de la raffinerie TotalEnergies en 2010, ont entraîné la perte de milliers de postes de travail. A partir de 2022, de nouveaux projets industriels ont commencé à changer progressivement l’image de la ville, notamment les gigafactories de ProLogium basé à Taïwan et Verkor de France, ainsi que les usines de recyclage de batteries des groupes Suez-Eramet et XTC-Orano, offrant la perspective de vingt mille nouvelles opportunités d’emploi dans la décennie à venir et autant de créations indirectes. Ces emplois comprennent des postes d’opérateurs, de techniciens et d’ingénieurs. Le reste de cet article est accessible aux abonnés.
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