Arnaud Nourry, ancien PDG d’Hachette Livre, qu’il a mené de 2003 à 2021 avant d’être congédié suite à son opposition à la fusion entre Hachette et Editis propulsée par Vincent Bolloré, a lancé Les Nouveaux Editeurs, sa propre maison d’édition indépendante. Dans une interview accordée au Monde, Nourry aborde le concept de sa nouvelle entité et les détails de son partenariat avec l’entreprise américaine, Simon & Schuster.
Après une période de trois ans passée en dehors de l’industrie, due à une clause de non- concurrence expirée fin avril, il examine les développements récents du secteur de l’édition en France. Il observe que les actionnaires des deux principales entités du secteur, Hachette Livre et Editis, Vivendi et le groupe de Daniel Kretinsky, sont relativement nouveaux dans ce domaine. Par ailleurs, de grands groupes familiaux tels que Gallimard, Actes Sud et Albin Michel sont en pleine transition générationnelle. Alors qu’un nombre record de maisons d’édition sont en vente, y compris Humensis, Michel Lafon ou Christian Bourgois, les relations tendues entre auteurs et éditeurs sont en hausse. Selon Nourry, ces facteurs conjugués ouvrent la voie à l’avènement d’une entreprise perturbatrice. Il estime même qu’il est essentiel de le faire, car il constate un recul progressif de la liberté de création.
A quoi ressemblera cette nouvelle entreprise ?
Les Nouveaux Editeurs offriront à chaque éditeur la capacité de concevoir leurs projets en autonomie totale. Nous sommes exceptionnels en fournissant un statut d’entrepreneur aux éditeurs, en les impliquant dans la part du capital de leur entreprise et en leur accordant de la latitude éditoriale stipulée dans les statuts. Le groupe soutiendra ces entreprises financièrement. Tout comme les dirigeants de labels dans le secteur de la musique, les éditeurs seront détenteurs de leurs créations. Il est inconcevable que leur salaire soit largement dissocié de la réalité. À l’âge de 63 ans, je bénéficie d’une plus grande liberté et j’ai la latitude de réaliser ce qui était inatteignable dans une entreprise publique.
Qui aura la propriété du capital?
Je garderai plus de 51% car je suis trop avancé en âge pour travailler pour les autres, pour finalement être écarté à la fin. Le reste sera détenu par la famille et les amis. Par ordre décroissant de participation: l’éditeur de BD Olivier Sulpice, mon camarade de l’ESCP Stéphane Distinguin, une figure respectée de l’innovation technique et de l’intelligence artificielle, Ronald Blunden – ancien Directeur de communication d’Hachette -, un de mes fils, Ugo Nourry, aussi diplômé de l’ESCP, qui deviendra directeur des opérations, le banquier Erik Maris et Emmanuelle Guilbart, qui a créé sa propre entreprise de distribution et de production de contenu audiovisuel. Pour le moment, nous avons entre 5 et 10 millions d’euros, suffisamment pour tenir deux ou trois ans. Ce n’est que plus tard que j’envisagerai une levée de fonds. J’ai discuté de ce projet avec tous ceux de l’édition et au-delà.
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