Catégories: Economie
|
12 juin 2024 20 h 07 min

« Richesses minières du Congo: Avidité globale »

Partager

Dans la république démocratique du Congo (RDC), à l’est de Rubaya, les « digger » ont été contraints de suspendre temporairement leur travail le temps que les combats reculent. Cette interruption fut imposée par l’insurgence du Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par l’armée rwandaise, qui cherchait à établir leur domination dans cette région.

Le 30 avril, le gouvernement central a perdu son autorité sur cette partie du territoire congolais. Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) Global Witness, cette région est responsable de l’extraction de 15% du coltan mondial. C’est une ressource précieuse qui alimente indirectement des entreprises multinationales comme Apple, Tesla et Intel. Le coltan, composé de niobium et de tantale, est devenu un minerai précieux avec l’arrivée de la technologie 5G.

Malgré l’arrivée des rebelles à Rubaya, l’extraction du minerais n’a pas été affectée. Des milliers d’ouvriers continuent de ramener à la surface des blocs de cette pierre brunâtre tous les jours. Seul le prix du kilogramme de coltan a augmenté passant de 30 à 70 dollars USD (soit de 27,60 euros à 64,40 euros). Voltaire Batundi, le président de l’alliance civile locale, explique cette augmentation par la disparition des taxes gouvernementales. « Les marchands souhaitent acquérir rapidement le minerai pour le revendre de manière illégale au Rwanda voisin », ajoute-t-il.

Le Rwanda, pays voisin de la RDC, est fréquemment pointé du doigt pour déstabiliser l’est du Congo afin de se saisir de ses ressources naturelles. La RDC, abondante en métaux nécessaires au développement des technologies numériques et à faible émission de carbone, est qualifiée de « scandale géologique ».

Au cours des trois dernières décennies, Kigali a appuyé plusieurs groupes locaux, y compris le plus récent M23, qui a repris les hostilités à la fin de l’année 2021 ou a directement envoyé son armée pour affronter les forces congolaises dans les territoires de Kivu. En raison de l’instabilité de la région, très peu d’entreprises industrielles s’y sont installées. La majeure partie de la production de coltan est restée traditionnelle, ouvrant la voie à la contrebande.

Déjà au début des années 2000, l’armée patriotique du Rwanda aurait généré 250 millions de dollars de revenus grâce à la contrebande de coltan, selon le groupe d’experts de l’ONU. Près de vingt-cinq ans plus tard, le même schéma se répète, selon les autorités congolaises. En 2023, le Rwanda a de nouveau été classé comme le plus grand exportateur mondial de coltan, avec 2 070 tonnes expédiées, comparativement à 1 918 tonnes en RDC.

Selon le président congolais, Félix Thisekedi, « Pourtant, ils n’ont pas un gramme chez eux. », il disait en février 2024. Depuis son entrée en fonction en 2019, son gouvernement s’efforce de reprendre le contrôle d’une partie des ressources. D’abord, en occupant l’espace médiatique : une plainte contre Apple a été déposée fin avril, où Kinshasa accuse le géant de la technologie d’utiliser des « minerais de sang », exploités illégalement par les rebelles. Ensuite, en essayant de restructurer l’industrie artisanale des métaux stratégiques, notamment au Katanga, une région riche en cobalt.

Cet article est réservé aux abonnés, 47.03% de cet article reste à lire.