Il n’y a pas de panique, mais un certain niveau de nervosité est palpable, principalement dû à l’incertitude que les investisseurs trouvent particulièrement irritante. Lundi 10 juin, lors de l’ouverture, une tendance à la baisse était percevable sur les marchés financiers européens, la Bourse de Paris ayant enregistré la plus notable chute : l’indice CAC 40 avait chuté de 1,75 %, atteignant son point le plus bas depuis février, tandis que le DAX allemand limitait sa chute à 0,61 %. En parallèle, sur le marché des changes, l’euro a perdu 0,4 % contre le dollar, atteignant 1,0760 dollar, le niveau le plus bas depuis un mois.
Ces tendances s’expliquent en partie par les résultats globaux des élections européennes : l’hypothèse d’une majorité plus restreinte que celle précédemment au Parlement de Strasbourg, couplée à une montée des groupes eurosceptiques et d’extrême droite, était progressivement assimilée depuis plusieurs semaines.
« En fait, le souci n’est pas européen : c’est la fragmentation en cours en France qui est le vrai facteur déclencheur pour les marchés », explique Alexandre Hezez, responsable de la stratégie du Groupe Richelieu. « La France est dans une situation où il est devenu impossible de réaliser des réformes, comme l’a clairement montré la dévalorisation de sa note souveraine par S&P le 31 mai. Tout ceci souligne un risque sur le déficit budgétaire et la dette de la France, et pourquoi pas, des dégradations supplémentaires dans le futur. »
« Derniers résultats insatisfaisants »
Au lieu de se concentrer sur l’évolution du CAC 40, l’attention sera portée sur le marché de la dette souveraine jusqu’au second tour des élections législatives le 7 juillet. Lundi matin, le rendement des obligations françaises à dix ans était en augmentation, atteignant 3,16 %, et creusant l’écart avec celui des obligations allemandes qui servent de référence pour toute la zone euro.
Cet écart, ou spread, révèle le rendement supplémentaire demandé par les investisseurs pour détenir de la dette française plutôt que de la dette allemande, a atteint plus de 53 points, soit une augmentation de cinq points de base.
Cet indicateur de méfiance envers la France en tant qu’emprunteur est proche de sa moyenne des deux dernières années, mais « cette stabilité ne doit pas être considérée comme acquise pour toujours », avertit Bruno Cavalier, économiste principal chez Oddo BHF. « Les derniers événements ajoutent de l’incertitude, à un moment où les derniers résultats, tant économiques que budgétaires, sont plutôt mauvais ».
Si cette tendance à l’augmentation du spread franco-allemand continue, cela pourrait affecter certains secteurs de l’économie, selon M. Hezez. L’immobilier, le plus vulnérable à une hausse des taux d’intérêt, est le premier à risquer. Mais aussi le secteur bancaire, le plus sensible aux risques politiques. En effet, parmi les plus grandes baisses du CAC 40 en début de séance figuraient les grandes banques françaises cotées, la Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole, qui ont perdu entre 3,5 % et 5 %.
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