« Nous subissons des perturbations sévères », déclare Giuseppe Lavazza, le président de la célèbre marque de torréfaction italienne qui porte son nom, face à une cascade d’incertitudes. Jamais autant secouée, la tasse de café ne sait plus où se poser. Et finira-t-elle par se briser ?
« La situation est stupéfiante », déclare le leader de l’entreprise familiale basée à Turin. Tout a débuté avec la crise du Covid-19. Bistrots, hôtels, restaurants ont soudainement fermé leurs portes, et les machines à café ont perdu leur zèle, pour le plus grand regret des torréfacteurs. Puis, alors qu’ils commençaient à sortir de leur hébétude, une vague de gel a frappé les cafétiers au Brésil, mettant le feu aux poudres sur les marchés. Le prix de l’arabica, la variété la plus appréciée, atteignait des records à la fin de 2021.
C’est à ce moment que l’invasion russe de l’Ukraine a déclenché une nouvelle poussée inflationniste, mettant le café en péril. Avant que le robusta, habituellement moins prisé et principalement utilisé pour le café soluble, ne rejoigne à son tour le tourbillon effréné des prix à la hausse. Et que le pas de l’arabica ne s’accélère.
Canicules et cochenilles.
En 2024, l’industrie du café est clairement en pleine ébullition. « Les tarifs de l’Arabica ont augmenté de 75% par rapport à 2023. Plus notablement, le coût du Robusta a grimpé de 200% en deux ans », déclare M. Lavazza. Certains attribuent cette hausse fulgurante du Robusta à une récolte attendue plus faible en novembre, au Vietnam, où sécheresse, chaleur intense et cochenilles ont ravagé les caféiers. Ce pays est le principal producteur mondial de cette variété de grain.
Toutefois, selon le dirigeant turinois, cette raison, qui repose sur la prévision d’une récolte réduite, n’est pas suffisante. « Comme le marché du cacao, celui du café est également sujet à la spéculation. Ils sont des marchés relativement petits et donc susceptibles de subir d’importantes fluctuations. Les investisseurs adoptent des approches spéculatives. L’aspect financier prime sur les fondamentaux du marché », explique-t-il. De plus, en avril, après une hausse constante, le prix du cacao a atteint des niveaux record, se vendant à 11 722 dollars (soit 10 765 euros) la tonne à New York. Cependant, le cacao a par la suite connu un léger déclin. Le café et le cacao vivent ainsi un véritable désordre.
La hausse des prix du café est aggravée par les inquiétudes quant à sa disponibilité, à cause des problèmes survenus au canal de Suez. Ceci force les navires en provenance du Vietnam à contouner l’Afrique, ce qui prolonge leur trajet de 20 jours et inflige des frais de transport plus lourds. Les torréfacteurs sont pris dans ce tumulte, subissant des pressions sur leurs marges. Alors que le revenu de Lavazza a grimpé de 13% pour atteindre 3,1 milliards d’euros en 2023, sa marge opérationnelle brute a chuté de 11,4% à 8,6%. La délicate mission consiste à répercuter ces augmentations sur les clients sans les décourager de consommer moins de caféine. En 2023, la consommation mondiale de café avait déjà baissé de 3%. Pourrait cela équilibrer le marché? Les prévisionnistes sont invités à déduire la réponse des marcs de café.
Cette décision vient après que la SNCF ait revu sa politique tarifaire.
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