« Quelle est sa valeur ? Je ne peux pas vraiment dire. Peut-être 50 000 ou 60 000 euros ? » C’est ainsi qu’Adrien Christmann décrit la nouvelle machine sur laquelle il travaille depuis le début de l’année pour effectuer le cousu norvégien des chaussures Heschung. C’est grâce à son amour pour la mode qu’Adrien a rejoint l’entreprise familiale en 2022 après avoir été menuisier. Il a rapidement attiré l’attention de Pierre Heschung, le directeur général de l’entreprise, qui a vu en lui un potentiel et une certaine habileté. Pierre lui a donc formé en pratiquant à différents postes, notamment dans le fraisage et le talonnage, avant qu’il ne se consacre à une tâche de plus grande envergure, le cousu norvégien.
Cette technique complexe consiste à assembler trois parties de la chaussure : la tige, la trépointe et la première de montage (qui ressemble à une semelle), à l’aide d’une surpiqûre réalisée avec un fil de dix brins de lin trempés dans de la cire chauffée pour garantir une étanchéité parfaite. Adrien se souvient à quel point la maîtrise de cette technique a été difficile : « Il m’a fallu un an pour me sentir vraiment à l’aise ». Il ouvre le capot de sa nouvelle machine à coudre et révèle une mécanique brillante qu’il est fier de montrer. Aux yeux d’Adrien, elle est plus précise que l’ancienne, « Elle est splendide, non ? » Une autre machine, également neuve et d’origine italienne, rabat la trépointe. « Nous avons déboursé plus de 300 000 euros en six mois pour de nouveaux outils », déclare Pierre Heschung. Cinq nouvelles boutiques ont également été ouvertes.
L’entreprise a investi 400 000 euros dans l’établissement d’un nouveau magasin d’usine contigu à l’atelier original, en remplacement de l’ancien magasin situé à Dettwiller, une commune avoisinante. En plus de ses dix points de vente, notamment à Paris, Lille et Aix-en-Provence, elle prévoit d’ouvrir cinq autres magasins sous sa marque en septembre, dont trois à Paris et deux autres à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et à Lyon. En 2024, Heschung, qui a 85 employés (dont trente à Steinbourg) a recruté une dizaine de personnes, et dix autres emplois seront créés d’ici la fin de l’année.
En 2023, tous ces investissements semblaient injustifiés. En raison de la menace posée par son actionnaire, le groupe d’investissement French Legacy Group dirigé par Renaud Dutreil, ancien secrétaire d’Etat responsable des petites et moyennes entreprises, qui possédait également les chaussures Clergerie, Heschung a dû demander une restructuration judiciaire en avril 2023. Trois mois plus tard, Pierre Heschung a réussi à sauver l’entreprise familiale et tous ses emplois en proposant une offre de reprise des actifs pour 700 000 euros, en partenariat avec Philippe Catteau.
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