Pour la troisième fois cette année, une rencontre a été organisée le 30 mai par le ministre du travail espagnol, les syndicats et les représentants des employeurs afin de discuter de plan du gouvernement visant à diminuer la durée du temps de travail. Actuellement de 40 heures par semaine, ceci serait réduit à 38,5 heures cette année, puis à 37,5 heures en 2025, le tout sans perte de salaire. La ministre du travail, Yolanda Diaz, issue du parti de la gauche radicale Sumar, a déclaré qu’il s’agit d’une mesure du XXIe siècle. Au lieu de « vivre pour travailler », Mme Diaz a suggéré d’avoir du « temps pour se promener, pour étudier, pour passer du temps avec les êtres chers ». Elle vise à introduire des négociations dans chaque secteur en vue de réduire davantage la durée de travail à 35, voire 32, heures par semaine.
Malgré cela, la rencontre de jeudi s’est finie sans progressions. Les syndicats n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente avec les employeurs, qui soutiennent que cette problématique devrait être abordée et négociée dans le contexte de chaque secteur via des conventions collectives. De plus, cette mesure devra être approuvée par le Congrès des députés, où plusieurs alliés nécessaires au gouvernement ont déjà exprimé leur réticence, comme le Parti nationaliste basque (PNV, conservateur).
Le 30 mai, Joaquin Perez, le secrétaire d’État au travail a réitéré son désir de diminuer la durée de travail, qui a été constante depuis plus de quatre décennies. Il vise à conclure un accord avant l’été. Selon une recherche menée par la Fédération syndicale des Commissions ouvrières, près de 12 millions de travailleurs du secteur privé, principalement dans l’industrie et la construction, pourraient bénéficier de cette disposition. Cependant, dans le secteur public, la durée de travail est déjà fixée à 37,5 heures par semaine. De plus, plusieurs secteurs ont réussi à négocier une semaine de travail de 38 heures grâce à leur convention collective. En 2022, Eurostat a indiqué que la durée de travail hebdomadaire la plus communes en Espagne était de 37,7 heures, comparée à la moyenne européenne de 36,6 heures.
La faible productivité reste un problème majeur. « Historiquement, dégager du temps supplémentaire signifie augmenter la productivité, la consommation et l’activité économique en général, » a souligné M. Perez. Lorenzo Amor, vice-président de la Confédération espagnole des organisations d’entreprises, souligne l’importance de contrôler « l’augmentation de l’absentéisme » et de « promouvoir d’abord la productivité ». L’Espagne a depuis longtemps un problème de faible productivité, souvent attribué à l’absence de formation des employés, au manque d’investissement en technologie moderne, et à l’importance des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la construction dans le PIB. Selon l’OCDE, la productivité, mesurée par le PIB par heure de travail, en Espagne en 2022 s’élevait à 53 dollars (soit 48,6 euros), par rapport à la moyenne de 61 dollars dans la zone euro.
Laisser un commentaire