La décision de Joe Biden d’appliquer des droits de douane de 100% sur les voitures électriques chinoises, dévoilée le 14 mai, a marqué une montée significative dans les actions protectionnistes entre les États-Unis et la Chine, selon Agathe Demarais, qui supervise les recherches en géo-économie au Conseil européen pour les relations internationales. Demarais met en avant que l’Europe pourrait être le perdant dans cette confrontation économique émergente.
Quel impact la nouvelle politique américaine aura-t-elle sur les voitures électriques de la Chine, ainsi que sur leurs batteries et leurs équipements pour panneaux solaires ?
Ces proclamations signalent vraiment un changement phénoménal. Les États-Unis, jusqu’à présent, ont cherché à atténuer leur dépendance économique envers la Chine et à éviter de contribuer à l’évolution militaire de Pékin. Ils ont préféré établir des sanctions, comme celles contre les entités affiliées à l’armée chinoise, et contrôler les exportations de technologies avancées telles que les semi-conducteurs.
Maintenant, ils imposent des droits de douane dans un domaine fondamental pour leur économie, les technologies propres, un secteur qui n’est pas directement associé à l’armée chinoise et où, s’agissant des véhicules électriques, les entreprises chinoises sont loin de dominer aux États-Unis. Avec des tarifs douaniers allant de 25% à 100%, les restrictions pour accéder au marché américain deviennent sévères.
Pour la Chine, qui exporte en grande quantité ses produits dans le monde, ce revirement est inquiétant, car il représente la première fois que les États-Unis limitent autant l’accès à leur marché pour les entreprises chinoises, et ce n’est peut-être pas la dernière fois. C’est d’autant plus vrai si les Européens décident également de leur côté d’appliquer des droits de douane sur leurs véhicules électriques, ce qui augmentera encore les préoccupations de Pékin.
Qu’en est-il des impacts sur les consommateurs ?
Ces mesures tarifaires ont pour but de défendre les producteurs américains face à la compétitivité chinoise à long terme et de favoriser la croissance des industries écologiques américaines, qui bénéficient par ailleurs des investissements importants de l’Inflation Reduction Act. Pour les consommateurs, l’augmentation des droits de douane se répercute inévitablement sur les prix. Toutefois, l’effet sera négligeable sur les voitures électriques chinoises, car peu d’Américains en acquièrent. Il sera en revanche bien plus significatif pour les batteries, car la Chine en fournit environ 70% au marché américain.
La mondialisation libérale a sérieusement affecté certaines industries aux États-Unis et en Europe, au cours des dernières décennies. Ces politiques protectionnistes vont-elles aider à revitaliser l’industrialisation ?
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