Au coeur du Jura, une forêt enchantée composée d’érables et de hêtres s’étire au delà de la Valserine, la première rivière libre classée en France, où des groupes de loups ont été repérés. Dans ce décor verdoyant, rendu plus vif par un mois de mai exceptionnellement pluvieux, des chevaux de trait comtois et un âne de bât gambadent. La route vers le col de la Faucille depuis Mijoux n’est pas bondée, avec seulement quelques randonneurs déterminés bravant les averses pour atteindre le point de vue sur le Mont-Blanc et le lac Léman.
Plus haut, à une altitude de 1320 mètres, Guillaume Thibault, le directeur opérationnel du Syndicat mixte des Monts Jura, est occupé. « Le minigolf est trempé, mais devrait être de nouveau accessible dans quelques jours », annonce-t-il. Le parc d’accrobranche vient d’être rénové et la grande tyrolienne est toujours là. « Notre objectif est d’être ouvert presque huit mois par an, de la fin d’avril à la fin septembre et trois mois en hiver », dit-il en observant de loin la luge sur rails, une sorte de montagnes russes qui descend la pente. « Pour certains, une simple photo de ce lieu ne suffit plus. »
En raison du manque de neige pour le deuxième hiver consécutif, les stations de ski alpins et nordiques dans la région du Jura – Les Monts Jura (Ain), Les Rousses (Jura) et Métabief (Doubs) – s’orientent vers un tourisme ouvert toute l’année. Suivant l’exemple des Vosges et du Massif central, ces stations de montagne intermédiaires font face à l’échec d’un modèle économique, comme l’indique Julien Ruelle, responsable de mission au Parc Naturel Régional du Haut-Jura. Bien que leur gestion locale diffère, elles s’adaptent à différentes échelles de temps. Ruelle ajoute que l’allocation des ressources dépend du niveau d’harmonie entre les représentants locaux et les exploitants de remontées mécaniques.
Parmi les trois stations de ski, Métabief a reconnu l’absence d’enneigement dès 2020 et a décidé de cesser d’investir dans les infrastructures de ski. Il étend désormais ses activités au saut à ski, au lac et à la réserve naturelle. Aux Rousses, une section du domaine sera fermée en raison du manque de neige. Cependant, la station, dirigée par une entreprise d’économie mixte, la Sogestar, envisage de diversifier ses activités tout en remplaçant les remontées mécaniques existantes. De la même manière, aux Monts Jura, certains instructeurs de ski sont partis dans les Alpes cet hiver, en raison du manque de travail.