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« Minerais critiques exacerbent rivalités puissantes »

L’Arabie Saoudite ambitionne de devenir une nouvelle force dans l’industrie minière. Autrefois sous-estimées, ses réserves de cuivre, de manganèse, de lithium, de nickel et de terres rares sont maintenant perçues comme un trésor caché sous son désert, surtout lorsque le pays tire 60% de ses revenus du pétrole. La prise de conscience de cette richesse s’est manifestée lors du salon Future Minerals Forum à Riyad en janvier, où de grands projets ont été révélés pour s’affirmer dans ce domaine.

Il est clair pour les magnats du pétrole que si le XXe siècle était dominé par le pétrole, le XXIe siècle sera celui des métaux. Grâce à la transition écologique et à la numérisation de l’économie mondiale, la demande en minéraux est en hausse constante. Selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en mai 2024, pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de CO2 d’ici 2050, la consommation de lithium devrait être multipliée par neuf d’ici 2040, celle de graphite par quatre et celle de cobalt, de nickel et de terres rares par deux.

La valeur des ressources minières de l’Arabie saoudite a été évaluée à 2 500 milliards de dollars (2 300 milliards d’euros), et ce n’est que la moitié du territoire qui a été explorée. Elle ambitionne de devenir une plateforme mondiale majeure, se situant à mi-chemin entre les mines africaines et les usines en Chine et ayant établi de solides liens avec Pékin et Washington. Primordialement, elle a signé des accords avec l’Egypte, la Russie, le Maroc et la République démocratique du Congo pour l’accès à leurs ressources. De plus, le royaume investit de par le monde à travers son fonds spécialisé, Manara Minerals, qui a récemment acquis 10 % de la division métaux critiques du géant brésilien Vale pour 2,5 milliards de dollars.

Cette nouvelle vision accentue la compétition féroce entre les grandes puissances pour sécuriser l’approvisionnement en minerais stratégiques. Selon les prévisions de l’AIE, le marché actuellement évalué à 325 milliards de dollars devrait doubler d’ici 2040. Ces minerais sont d’une valeur inestimable, car ils sont essentiels pour la sécurité des nations, utilisés dans la fabrication d’équipements militaires sophistiqués et nécessaires pour le développement de l’industrie verte. En l’absence de lithium, de graphite ou de nickel, la fabrication de batteries et donc la production de véhicules électriques serait impossible. La Chine l’a anticipé et elle raffine aujourd’hui 60 % de tous les métaux utilisés dans les batteries pour les véhicules électriques.

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