Conformément à nos sources, Air Caraïbes a traîné Corsair devant le tribunal de commerce mixte de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) le 22 mai. Christine Ourmières-Widener, la toute nouvelle PDG d’Air Caraïbes et de French Bee, deux entreprises aériennes appartenant au groupe Dubreuil, persévère pour obtenir une divulgation des comptes de Corsair, qui n’a jamais été effectuée auparavant. L’audience judiciaire est prévue pour le 14 juin. En accord avec Le Monde, Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, admet effectivement que ses comptes 2022 ne sont pas encore rendus publics, malgré son assurance qu’ils feront l’objet d’une publication prochaine.
L’affaire est née des conditions financières du plan de restructuration de Corsair, formulé fin 2023. Concocté par le gouvernement, ce plan propose notamment l’élimination ou l’abandon de plus de 147 millions d’euros de dette fiscale ou sociale. Ce plan, pourtant, a été très critiqué par la Commission européenne qui a décidé d’ouvrir une enquête approfondie. Elle exprime notamment des doutes quant à la capacité de Corsair à se relancer durablement et déplore l’absence de mesures adaptées pour minimiser les déformations concurrentielles envers ses concurrents, y compris Air Caraïbes, French Bee, Air Austral et Air France.
En prévision de donner son aval final, Bruxelles a cherché l’opinion d’autres « parties intéressées », notamment Air Caraïbes et Air Austral, fin avril. Ces dernières avaient un mois afin d’émettre leurs avis sur le plan de restructuration de Corsair, élaboré par le gouvernement, et adresser leurs réflexions à la direction générale de la concurrence à Bruxelles. Les réponses d’Air Caraïbes et de French Bee ont été enregistrées vendredi 24 mai.
Mme Ourmières-Widener affirme agir par un désir d’égalité. « J’apprécie une lutte juste, ce qui n’est pas le cas actuellement », dit-elle. À l’opposé de Corsair, Air Caraïbes et French Bee n’ont pas profité de plans de restructuration, « sinon nous aurions dû nous présenter devant la Commission européenne, ce qui n’a pas été le cas », souligne la dirigeante.
Le manque de soutien est clairement exprimé. Les deux compagnies sont constamment en équilibre précaire. French Bee, en particulier, fondée en 2016, était rentable avant la pandémie, mais a replongé dans les chiffres rouges en 2023 malgré le transport de 1 million de passagers. En 2024, toutefois, la situation semble s’être améliorée. La ligne vers New York, inaugurée en 2021, s’est rapidement classée comme la deuxième route la plus populaire de French Bee en termes de trafic, juste après celle vers la Réunion.
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