Le procès inauguré le 9 avril 1947 devant le tribunal federal de la Californie du Sud à San Diego a créé une controverse qui persiste encore de nos jours. Parmi les défendeurs se trouvaient neuf grandes entreprises, y compris le constructeur automobile General Motors, le fabricant de pneus Firestone, Phillip Petroleum et Standard Oil of California qui deviendra plus tard Chevron.
Les autorités les accusaient d’avoir comploté pour établir un monopole en achetant à des prix dérisoires les compagnies de tramway électrique de Los Angeles, San Diego, Baltimore et d’autres villes américaines, en vue de les transformer en bus propulsés par essence et ainsi mettre en avant l’omniprésence de l’automobile. Le transport urbain électrique, prédécesseur de la voiture, n’était plus en phase avec l’évolution des faubourgs résidentiels et des municipalités en manque de fonds.
Malgré plusieurs réévaluations, aucune condamnation significative n’a été prononcée pour cette affaire qui demeure un symbole de l’emprise du producteur sur le consommateur. La liste des industriels de grande envergure qui exploitent leur pouvoir afin de guider les choix de leurs clients est sans fin, des producteurs de tabac aux fabricants de produits de beauté et de médicaments.
La question se pose encore aujourd’hui pour le pétrole : les géants du secteur, habitués aux pratiques de cartel, peuvent-ils toujours influencer l’offre ou se contentent-ils simplement de répondre à la demande ? Cette question cruciale sous-tend en grande partie l’avenir de la transition énergétique. Selon les mots du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, exprimés à l’agence Bloomberg le 26 avril : « Il y a cette idée fausse que l’offre pourrait dicter la demande. Mais cela ne marche pas comme ça ». Il note que l’élasticité des prix est inexistante.
Comment fonctionne exactement une économie capitaliste ? Elle est motivée par la demande du consommateur qui peut être stimulée par l’innovation – par exemple la création d’un marché pour des produits tels que les pneus ou les moteurs à combustion. Elle est également influencée par d’autres facteurs tels que le lobbying et la publicité, ainsi que la régulation qui est en elle-même également sujette à l’influence. Cependant, le facteur décisif est toujours le prix – il régule la balance entre l’offre et la demande. C’est généralement le cas.
Cependant, Patrick Artus, un économiste, argumente que cette dynamique ne fonctionne pas de la même manière avec le pétrole. Il insiste sur le fait que l’élasticité des prix dans ce secteur est inexistante. En d’autres termes, même lorsque le prix de l’essence augmente, les gens continuent de remplir leurs réservoirs parce qu’ils n’ont pas le choix. D’un autre côté, des prix plus élevés incitent les producteurs à augmenter leur production et même à creuser de nouveaux puits.
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