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« Diminution de l’artichaut dans nos menus »

L’artichaut, autrefois populaire en France, voit sa présence diminuer dans l’alimentation quotidienne. Ce légume charnu est essentiellement apprécié et cuisiné par les personnes plus âgées. Les statistiques indiquent qu’une maison française consomme en moyenne seulement 750 grammes d’artichauts par an, contrairement aux Italiens qui consomment environ 8 kilos par an, souvent sous forme de risotto aux cœurs d’artichauts.
Cependant, les producteurs d’artichauts basés en Bretagne, associés sous la marque Prince de Bretagne, ne sont pas prêts à laisser ce légume disparaître sans se battre. Ils travaillent ardemment pour promouvoir leur produit, mettant en valeur la beauté de leurs champs d’artichauts qui s’étendent jusqu’à Baie de Morlaix.
Il y a cependant des défis à relever. Il y a presque un an, des tonnes d’artichauts gisaient sur les routes devant les supermarchés. Les agriculteurs, furieux, protestaient contre les prix insuffisants proposés pour leur produit. Une surabondance de marchandises avait entraîné l’effondrement des prix. Combien de la récolte de 2023 n’a pas été vendue ? Christian Bernard, producteur à Taulé (Finistère) et président de la section artichaut de Prince de Bretagne, estime que cela représentait entre 20% et 30% de la production. Cette situation représente un vrai défi pour les producteurs d’artichauts.

Les fluctuations du marché ont une forte influence sur le prix de l’artichaut, particulièrement les variétés Bretonnes. Le prix actuel de l’artichaut violet Breton est d’environ 50 à 60 centimes par tête alors que le colis de douze gros camus charnus s’échange à 8 euros. Grâce à ce niveau de prix assez favorable, les producteurs peuvent respirer pour le moment. Toutefois, le renouvellement des générations reste lié à la rémunération. La situation actuelle est préoccupante : la production d’artichauts a chuté à 17 000 tonnes en 2023, contre 30 000 tonnes il y a une décennie et 50 000 tonnes il y a vingt ans. De plus, le nombre d’agriculteurs est également en baisse. La Bretagne, avec ses 2 600 hectares de terre, est le principal producteur d’artichauts en France, dépassant les Pyrénées-Orientales qui cultivent sur 500 hectares.

Malgré leur passion, les agriculteurs actifs concèdent que la culture de ce légume est complexe. En Bretagne, le rejet de l’artichaut est généralement arraché et replanté manuellement. Même si la rotation des cultures se fait tous les trois ans, un élément de hasard persiste car les rendements varient d’une année à l’autre. Pour atténuer les fluctuations de production et pour écouler les petits calibres, les agriculteurs bretons avaient misé sur la surgélation. Cependant, le seul site de surgélation français, situé à Morlaix, a fermé en 2022. Prince de Bretagne a donc entrepris d’ouvrir une unité de transformation dans les Côtes-d’Armor. A l’avenir, l’artichaut surgelé sera probablement importé d’Egypte, le second producteur mondial qui est en concurrence directe avec l’Italie. Bientôt, les consommateurs pourront s’attendre à des artichauts surgelés originaires des Côtes-d’Armor. Être Breton, c’est être au coeur de l’artichaut, même surgelé!

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