Lors de la réunion annuelle de l’assemblée générale de TotalEnergies qui a eu lieu le vendredi 24 mai, les règles étaient rigoureuses. Les ordinateurs ont été laissés à l’accueil et les téléphones portables ont été conservés dans une enveloppe scellée. Ces mesures ont été jugées trop sévères par certains actionnaires, l’un d’eux s’est plaint de se sentir comme s’il était en prison devant le PDG, Patrick Pouyanné. Cette réunion a eu lieu à la tour Coupole, l’un des plus hauts bâtiments du quartier de La Défense à Hauts-de-Seine, où se trouve le siège de cette multinationale pétrolière et gazière. Pour anticiper toute escalade, des camions de police et des agents de sécurité privés étaient stationnés à l’entrée du gratte-ciel. Cela rappelle que chaque assemblée générale de l’entreprise est désormais à risque d’incidents, comme le souligne son dirigeant. Pour lutter contre les nouveaux projets d’hydrocarbures de l’entreprise, des ONG environnementales ont tenté de bloquer l’accès à la salle Pleyel, dans le 8ème arrondissement de Paris lors de la réunion de 2023. Pour la 2024, l’entreprise a choisi de se réfugier dans ses bureaux à la Défense. Environ 700 actionnaires étaient présents, certains dans un amphithéâtre, d’autres dans une salle annexe où la discussion était retransmise. Dans la salle principale, un actionnaire s’est félicité de l’absence de manifestants devant le siège de l’entreprise cette fois-ci, qu’il a qualifiés de « polluants », ce qui a suscité quelques applaudissements autour de lui. Sa reconduction pour trois ans.
Synthèse de la journée : Approchant son 61e anniversaire, Patrick Pouyanné a été solidement réélu pour un quatrième mandat de trois ans. Il a receuilli cette année 75,7 % des suffrages, un résultat quasi identique à celui de son renouvellement précédent (77,4 % en 2021).
Il a garanti aux électeurs de « maintenir le cours » de sa stratégie, suite à des bénéfices records (19,8 milliards d’euros en 2023). D’une part, comme il l’a précédemment affirmé, le PDG envisage de renforcer sa production d’hydrocarbures d’ici 2028, en intensifiant ses volumes de gaz et en stabilisant ceux de pétrole. D’autre part, il confirme sa volonté de stimuler le développement de l’énergie solaire et éolienne. L’objectif est d’atteindre une capacité brute de 100 gigawatts en énergie renouvelable d’ici 2030 (contre 22,4, à la fin de 2023).
Les actionnaires ont une fois de plus approuvé la stratégie climatique de l’entreprise, avec 79,7 % de votes favorables – une baisse notable, toutefois, par rapport à l’année précédente (88,8 %).
Manifestations et interpellations
Durant l’heure de dialogue entre le PDG et les actionnaires, un intervenant ougandais a fait entendre sa voix. En anglais, il a déploré les impacts environnementaux du projet Eacop (pour East African Crude Oil Pipeline), un projet de pipeline colossal de plus de 1 400 kilomètres, traversant l’Ouganda et la Tanzanie, entraînant des expropriations en cas de conflit entre les résidents et la major des hydrocarbures. Patrick Pouyanné a affirmé vouloir « poursuivre la conversation ».
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