Un espace de coworking ? Pas vraiment. L’endroit, conçu avec un parquet élégant, des fauteuils en osier, de grands vitraux et des canapés en velours, est en fait un lieu de repos pour les employés travaillant à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) selon un horaire irrégulier. Ce lieu, couvrant 300 mètres carrés, a été créé pour les travailleurs qui ont d’importantes pauses non rémunérées entre leurs périodes de travail.
Lors d’une visite rapportée par Le Monde, une dizaine de personnes, principalement des femmes travaillant comme aides à domicile, créent une atmosphère conviviale. Ces femmes, après avoir terminé leur travail du matin, attendent deux à trois heures avant de commencer leur tournée du soir. Moureen, 37 ans, enlève ses chaussures pour profiter de l’un des nombreux transats disponibles pour une sieste. Mimi, dans la cuisine immaculée, réchauffe les restes de son repas du soir précédent pour économiser de l’argent. À une autre table, Marceline, 63 ans, se plonge dans la lecture. Colette, 56 ans, a une longue conversation téléphonique utilisant le Wi-Fi gratuit.
Elles sont employées par différents employeurs pour s’occuper d’une dizaine de personnes âgées dépendantes. Leur travail implique de les aider à se lever, à se laver, à manger et à sortir pour des promenades ou des achats. Le soir, ces femmes préparent le dîner et aident les personnes âgées à se coucher, nécessitant une disponibilité aux heures matinales et tardives de la journée.
« Cela monopolise toute la journée », disent-elles.
Leurs horaires montrent une grande variabilité : ils commencent souvent à 7 ou 8 heures du matin et se terminent après 19 ou 20 heures. Il y a une pause au milieu de la journée, mais sa durée varie. L’un d’eux raconte : « Certains jours, je travaille jusqu’à 14 heures, mais je n’ai plus de travail avant 18 heures ». Un autre partage : « Aujourd’hui, par exemple, j’ai travaillé une heure, de 8h30 à 9h30, puis je recommence de 15 heures à 19 heures. C’est possible d’avoir seulement trois heures payées, mais cela peut occuper toute votre journée! »
D’après les données de la direction des statistiques et de la recherche du ministère du travail, compilées dans le livre « Aide à domicile, un métier en difficulté » (François-Xavier Devetter, Annie Dussuet et Emmanuelle Puissant, Ed. de l’Atelier, 2023), « quand on compare le temps payé au temps réel de travail, on découvre qu’il ne représente que 57 %, contre 84 % pour tous les salariés. En d’autres termes, une journée de travail pour une aide à domicile n’est payée qu’à moins de deux tiers de sa durée. »
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