Dans ce coin pittoresque du Berkshire, longeant le serpentin de la Tamise, on retrouve le charme typique d’une photo anglaise. En ce jour encore frais et humide d’avril, les champs de colza arborent une teinte de jaune qui rivalise avec le vert anis des saules et le mauve des jacinthes sauvages. La campagne est parcourue de ruisseaux d’argile, résultat de l’excès d’eau des nappes phréatiques qui surgit à travers les fissures du sol calcaire, un phénomène géologique rare qui illumine encore plus la campagne.
Cependant, les apparences sont trompeuses. Moz Bulbeck Reynolds, une habitante du village d’Eastbury, soupire en regardant la route séparant trois cottages charmants, dont le sien est situé au centre, de la Lambourn, un ruisseau d’argile au débit anormalement élevé pour cette saison. L’asphalte est maculé d’eau sale garnie de rouleaux de papier hygiénique et une bouche d’égout déborde par intermittence sur la chaussée. « On voit souvent des excréments surgir, venant directement de la chasse d’eau. C’est répugnant. Je suis contrainte de désinfecter les pattes de mon chien à chaque balade », raconte Mme Bulbeck Reynolds.
Carolyne Culver et Steve Masters, deux représentants locaux du parti Vert, crient aux voitures de « ralentir! » en s’occupant de leur coin de la ville. Cependant, malgré les efforts de Moz pour mettre en place des signalisations maison, les voitures continuent de polluer les façades des cottages. « C’est l’Angleterre du 21ème siècle qui nous fait penser à un roman de Dickens. Ceci est dû au fait que les systèmes d’égouts, quelques-uns remontant à l’époque victorienne, n’ont pas été actualisés depuis trois décennies. Ils sont encore conçus uniquement pour gérer les eaux pluviales en plus des eaux usées. Ils sont surchargés dès qu’il pleut », explique Steve Masters, qui fait partie du conseil municipal de la ville principale de West Berkshire, Newbury.
Il semble que le problème majeur est lié à la gestion de la dette. Le camion-citerne de Thames Water, la plus grande compagnie d’eau britannique responsable de la fourniture d’eau potable et du traitement des eaux usées dans la vallée de la Tamise et à Londres, vient de partir. Moz Bulbeck Reynolds a développé l’habitude de faire appel à eux lorsque les égouts débordent. « Le camion aspire l’excédent d’eau et le libère ailleurs. Cependant, les eaux usées reviennent très rapidement », se plaind la jeune femme originaire d’Australie, qui aspire à vivre sur les collines voisines, car « dans la vallée, les terres sont engorgées d’eau. » « Thames Water n’a pas pris en compte l’augmentation de la population, et le changement climatique ne fait qu’aggraver la situation. Les précipitations ont énormément augmenté depuis l’automne dernier, et les flux de craie ne cessent de se remplir », ajoute M. Masters, ancien membre de la Royal Air Force devenu militant environnemental.
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