Un événement particulier a été qualifié d' »incident » par Slawomir Krupa, le directeur général de la Société générale, en réaction au départ de deux traders basés à Hong Kong, le vendredi 3 mai. Ces circonstances ont rappelé les souvenirs douloureux d’une affaire qui a marqué l’histoire de l’entreprise : le scandale Kerviel avec une charge de 4,9 milliards d’euros en 2008. Selon des informations obtenues par l’agence Bloomberg au début de la semaine, ces deux employés faisaient partie de l’équipe « Delta One », à laquelle Jérôme Kerviel lui-même appartenait, une équipe spécialisée dans des transactions sur des produits financiers dérivés sophistiqués. En 2023, des contrôles internes ont révélé des engagements sur des indices boursiers indiens, qui auraient pu résulter en des pertes de centaines de millions d’euros en cas de revirement brutal du marché. Bloomberg a rapporté que le système de gestion des risques n’avait pas anticipé ces transactions qui étaient conclues en moins de 24 heures.
Monsieur Krupa a assuré que cet incident n’avait pas eu de répercussions sur l’entreprise ni sur les clients. Il a ajouté que l’incident avait été détecté par leurs systèmes de surveillance et traité immédiatement, tant au niveau individuel qu’à celui du management. Bien entendu, un certain nombre d’ajustements ont été apportés pour perfectionner ces mécanismes de contrôle, même s’il a choisi de ne pas en révéler les détails.
Cette affaire a toutefois créé du désarroi.
Kavish Kataria, l’un des deux traders mentionnés, a exprimé sa propre interprétation des événements sur LinkedIn, accusant la banque d’avoir fait de ses traders des boucs émissaires. Il dit qu’il n’a pas été informé par l’équipe de gestion des risques qu’il ne pourrait pas prendre de positions contestées. Selon lui, soit l’équipe ne faisait pas correctement son travail, soit elle n’était pas adaptée à ce rôle. Kataria insiste sur le fait qu’il a utilisé la même stratégie de trading pendant quatre mois, générant un profit de 2 millions d’euros.
Malgré l’absence d’impact financier, l’affaire a créé une certaine perturbation, particulièrement parce que la stratégie de M. Krupa est de rendre la Société Générale plus résistante en limitant son exposition au risque. Cela n’a cependant pas éclipsé les résultats financiers trimestriels annoncés vendredi, qui bien que moins importants qu’au cours de l’année précédente, dépassaient les prévisions et ont entraîné une hausse de près de 5% du cours de l’action SocGen au moment de l’ouverture de la Bourse de Paris.
Néanmoins, Jérôme Kerviel n’a pas manqué de réagir à la situation. Il a écrit : « Après seize ans, je peux enfin céder la place. Félicitations aux deux vainqueurs et bonne chance pour leur mandat! »
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