Un investissement de 84 millions d’euros avait été prévu pour l’établissement d’un méthaniseur de taille gigantesque. Cette réalisation à grande échelle serait une première en Haute-Marne. Le projet dirigé par Nature Energy Chamarandes-Choignes (NECC) avait pour objectif la digestion de 129 500 tonnes de biomasse agricole par an, incluant 100 000 tonnes de Cives, pour produire 148 gigawatt-heures de biogaz à injecter dans le réseau national.
Cependant, à l’approche de la clôture de l’étude publique, le projet est soudainement annulé. Le groupe d’agriculteurs à l’origine de la proposition de méthanisation a du abandonner le projet NECC à cause de fortes contraintes capitalistiques, comme ils ont annoncé le 19 avril dans un communiqué.
En dépit de ces difficultés, le projet avait été bien planifié. Une parcelle de 12 hectares sur les hauteurs de Chamarandes-Choignes, une commune résidentielle de mille habitants nichée dans la vallée de la Marne, avait été dédiée à sa construction. Le plan industriel et financier devait s’appuyer sur la filiale française de Nature Energy (NE), une société danoise détenue par Shell. Plus de cinquante agriculteurs locaux et deux coopératives s’étaient associés à la société, parmi lesquels des agro-industriels de la région ayant investi en Ukraine pour établir une méga-ferme de 20 000 hectares sur les vestiges d’un ancien kolkhoze.
Le projet NECC, initié début 2020, était prévu pour être détenu majoritairement (51%) par des agriculteurs et minoritairement (49%) par NE. Cependant, les agriculteurs ont fini par renoncer en raison de l’incapacité à rassembler suffisamment de fonds pour assumer la majorité du capital. En fait, depuis le démarrage du projet jusqu’à maintenant, les taux d’intérêt ont quadruplé, rendant la recherche de financements presque infructueuse et insurmontable, selon NE.
En outre, l’opposition croissante au projet a également eu un impact significatif. Initialement, de nombreux habitants n’ont été conscients de l’existence du plan de méthanisation que quelques semaines avant l’ouverture de l’enquête publique le 11 mars, alors que le projet avait été initié en 2019. Même l’enquêteur en chef a regretté ce manque de communication et a dû organiser une réunion d’information complémentaire.
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