La commission d’enquête sénatoriale chargée d’examiner les problèmes rencontrés par Atos a déclaré que l’intervention de l’État était « tardive et insuffisante ». Elle a présenté un rapport comprenant onze suggestions pour secourir la grande entreprise informatique française au Sénat le mardi 30 avril.
Les auteurs du rapport ont exprimé leur déception quant à l’engagement fragmenté, partiel et tardif des services de l’État envers une entreprise cruciale pour notre souveraineté et notre défense nationale. Ces commentaires interviennent après que Bercy a montré son intérêt à acquérir des opérations souveraines du groupe le dimanche précédent.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a répondu aux questions posées par Thierry Meignen (parti Les Républicains), l’un des auteurs du rapport, lors de la session du Sénat : « Nous avons assumé toutes nos responsabilités envers Atos ». Il a ajouté que malgré la discrétion de ses services, cela ne signifie pas qu’ils ne travaillent pas efficacement sur ce dossier depuis des mois.
Selon le communiqué des rédacteurs, la plupart des parties concernées auraient préféré une intervention proactive et stabilisatrice de l’État dès le deuxième semestre 2022. De plus, l’acquisition par l’État des opérations stratégiques d’Atos ne résoudra pas la question du futur du groupe, et notamment de la division Tech Foundations qui regroupe les activités d’infogérance historiques. Certains de ces activités ont une importance souveraine, d’après le rapport.
Les auteurs du rapport soulignent que « des contrats cruciaux pour nos données et services publics sont liés à Tech Foundations, dont les liens avec Eviden n’ont toujours pas été clairement établis ». Eviden réunit les opérations de cybersécurité, numériques et BDS (branche Big Data et sécurité) d’Atos.
Thales a exprimé son intérêt pour les activités de défense et de sécurité.
Ils expriment leur inquiétude face à une possible « démantèlement » d’une entreprise qui aurait perdu ses principales caractéristiques, comme ses super-ordinateurs nécessaires pour la dissuasion nucléaire ou ses offres de cybersécurité.
Pour assurer la pérennité du groupe, les sénateurs préconisent que l’État acquière une part d’Atos, une participation qui lui permettrait d’avoir son mot à dire au sein du conseil d’administration et de surveiller étroitement les opérations cruciales. Ils suggèrent également une prise de contrôle majoritaire de Bpifrance au sein de BDS.
Ils souhaitent que lors de la vente d’actifs, des entités industrielles françaises soient favorisées afin de garantir la compétitivité du pays.
La fragilité financière du groupe est attribuée à certaines décisions prises pendant la présidence de Thierry Breton, de 2008 à 2019. Ils interrogent la régularité et le volume des acquisitions, le coût d’acquisition et l’efficacité des restructurations pendant cette période.
Ils jugent aussi qu’Atos a adopté certains tournants technologiques trop tard et que l’instabilité de sa direction depuis 2019 a conduit à des décisions financières à courte vue.
La mission d’information des commissions des affaires économiques et des affaires étrangères du Sénat, qui a été lancée en février, a interrogé 84 personnes pendant environ trois mois. Parmi les personnes interrogées figuraient le Président d’Atos, Jean-Pierre Mustier, et son directeur général, Paul Saleh, le 10 avril.
La société française de technologie a fixé une échéance jusqu’à vendredi pour que ses prêteurs lui présentent des offres de refinancement. Le directeur financier, Pascal Bouchiat, a révélé mardi que Thales pourrait envisager l’acquisition de certaines opérations dans les secteurs de la défense et de la sécurité, si elles étaient en vente.
Lundi, l’entreprise avait signalé un besoin potentiel de 1,1 milliard d’euros en liquidités pour son activité en 2024-2025. Elle prévoit également de diminuer sa dette globale, actuellement aux alentours de 5 milliards d’euros, de 3,2 milliards d’euros.
Laisser un commentaire