Catégories: Economie
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27 avril 2024 21 h 09 min

« Hommage à l’ouvrier mort, JO Paris »

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Dans un hommage émouvant le samedi 27 avril à Paris, des partisans et membres de la famille se sont rassemblés pour honorer la mémoire d’Amara Dioumassy, ayant tragiquement perdu la vie sur le site destiné à purifier la Seine pour les Jeux olympiques. Son décès, qui est prévu être commémoré en grandiose la semaine suivante, est décrit comme une « mort modeste » qui a été initialement négligée.

Près d’une centaine de syndicalistes et membres de sa famille se sont unis sous une pluie incessante sur le site de l’accident, exigeant « reconnaissance et justice pour Amara ». Son frère, Bally, affirme que rien n’a été fait pour soutenir la famille et que « ses enfants sont maintenant dans la faim ».

Accusant de tentative de dissimulation de cette mort tragique, Lyes Chouaï, délégué syndical CGT de la SADE, l’entreprise qui employait Amara, a déclaré à l’Agence France-Presse que “On voulait cacher cette mort ». Sur le site, un membre de la CGT tentait de sensibiliser les passants à la disparition de l’ouvrier il y a près d’un an, mais sans grand succès.

Amara Dioumassy, un contremaître d’origine malienne, père de 12 enfants, est décédé le 16 juin 2023 à l’âge de 51 ans sur le bassin d’Austerlitz, écrasé par un camion de chantier qui reculait sans avoir activé son avertisseur sonore.

Lyes Chouaï explique que suite à une mort sur le site de construction de l’institut médico-légal, le corps a été transféré directement à l’institut avant d’être repatrié au Mali pour l’inhumation. Les collègues de la victime, un ouvrier qualifié dans le secteur du BTP, pointent du doigt de sérieux manquements sécuritaires sur ce chantier géré par la SADE et supervisé par la Ville de Paris.

La Mairie de Paris et Veolia, contactées par l’AFP, indiquent qu’une investigation judiciaire est en cours afin de définir les responsabilités. Elles assurent avoir collaboré pleinement.

En France, on constate deux décès par jour sur le lieu du travail. Ce taux est le plus élevé de l’Union Européenne, ce qui fait du pays un mauvais élève en termes de sécurité au travail.

L’hommage rendu samedi vise à sensibiliser le plus de monde possible à cette mort modeste en marge d’un événement aussi médiatisé que les Jeux.

La veille de la Journée mondiale de la sécurité au travail, une manifestation a eu lieu. Les protestataires ont exprimé leur « douleur » et leur « colère », et cela avant l’inauguration du bassin d’Austerlitz, où la mairie a prévu de rendre hommage à Amara Dioumassy. Cependant, Lyes Chouaï juge indécent ce geste, expliquant que la Mairie de Paris a insister lourdement pour que la famille de la victime soit présente. Bally Dioumassy a d’ailleurs exprimé son mécontentement envers la Mairie de Paris.

La gestion du chantier pour les Jeux Olympiques à Ile-de-France est une exception à la règle, dans la mesure où elle est menée par la Ville de Paris plutôt que par Solideo, l’établissement public habituellement en charge des infrastructures pour ces compétitions. Selon un syndicaliste, ce chantier présentait de graves défaillances en matière de sécurité, déclenchant une nécessité d’action rapide pour respecter les échéances prévues.
La camionnette qui a heurté Amara n’était pas équipée de signal sonore pour indiquer son mouvement en marche arrière et le marquage au sol indiquant le sens de circulation était absent, rapporte M. Chouaï. De plus, il mentionne qu’Amara travaillait dans un espace réduit le long d’une voie de circulation, sans démarcation claire entre les zones de circulation des véhicules et des piétons.
Suite à la tragédie d’Amara et à l’intervention de l’inspection du travail qui a suspendu les travaux pendant dix jours, les mesures de sécurité ont été progressivement renforcées. Cependant, M. Chouaï regrette que ces mesures n’aient pas été mises en œuvre dès le démarrage du chantier. Contribution.