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La France envisage de conserver du carbone au sein de son sous-sol

L’acronyme officiel CCUS, qui signifie capture, stockage et valorisation du dioxyde de carbone, est souvent cité par les experts comme une solution possible pour réduire les émissions de carbone de l’industrie et aider la France à atteindre sa neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, il existe aussi un risque que cette solution soit utilisée comme une excuse pour continuer à polluer, une préoccupation souvent exprimée par les défenseurs de l’environnement.
Roland Lescure, le ministre délégué à l’industrie et à l’énergie, a invité des entreprises à proposer des projets de séquestration du CO₂ en France le vendredi 26 avril. Il a fait cette annonce à Sens (Yonne), à l’usine de Technip Energies.
L’appel s’adresse particulièrement aux exploitants de gisements d’hydrocarbures en France, en les encourageant à transformer leurs puits de pétrole épuisés ou en fin d’exploitation en sites de stockage de carbone. Le gouvernement prévoit de modifier le droit minier pour faciliter ce type de reconversion, comme stipulé dans la loi sur la simplification présentée en conseil des ministres mercredi dernier. Par exemple, le groupe canadien Vermilion exploite déjà des puits en Nouvelle-Aquitaine et en Seine-et-Marne, et d’anciens gisements de pétrole et de gaz existent également dans les Pyrénées.
La capture et le stockage du carbone impliquent de capturer le CO₂ émis par les usines, de le liquéfier pour le transporter, puis de l’enterrer sous terre ou sous la mer. Ces technologies sont toutefois nouvelles et encore incertaines. De plus, elles sont critiquées car bien que le carbone soit stocké, il n’est pas éliminé.

Pour se conformer à leur accord de décarbonation signé avec le gouvernement en 2022, les deux tiers des cinquante plus gros émetteurs industriels de CO₂ en France envisagent de capturer et de stocker leur carbone résiduel. Ce processus serait utilisé pour le carbone qui n’a pas pu être éliminé par d’autres méthodes techniques. Ces industries lourdes, incluant les cimentières, les aciéries, les alumineries, et autres, estiment avoir besoin d’approximativement 8 millions de tonnes de captage de CO₂ en 2030 et 16 millions en 2040.

Le Ministère de l’Industrie et de l’Énergie a estimé que transformer les puits d’hydrocarbures existants en puits de stockage de carbone pourrait offrir une capacité de stockage potentielle de « 800 millions de tonnes de CO₂ ». Cela équivaudrait à « cinquante ans de stockage de CO₂ de l’industrie française ».

En revanche, s’exprimant aux Echos le vendredi 26 avril, Roland Lescure a souligné que le projet de décarbonation pour les cinquante plus gros émetteurs comprenait initialement des mesures telles que « l’efficacité énergétique, l’électrification, et le remplacement du charbon par de l’hydrogène ». « Le captage de carbone est seulement envisagé en dernier recours », a-t-il précisé.

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