L’achat de ses propres actions par une entreprise en vue de leur suppression a, ces dernières années, été associé à une forme de capitalisme débridé en constante crise. C’est pourquoi il est surprenant de voir un chef d’entreprise qui s’identifie comme « gauche », et qui lutte contre les bonus excessifs des dirigeants du CAC 40, défendre cette démarche financière. Jean-François Rial, le PDG et co-fondateur de Voyageurs du Monde, qui se considère comme un « enfant de la deuxième gauche », soutient fermement que « lorsqu’une entreprise respecte ses employés et a des possibilités d’investissement, acheter ses propres actions n’est pas honteux ». « Cela favorise la redistribution du capital. D’ailleurs, la rapidité de circulation du capital est la grande force de l’économie américaine. »
À un moment où le gouvernement envisage l’implantation d’une retenue sur les rachats d’actions des grandes entreprises, le principal acteur français du voyage personnalisé a révélé mardi 23 avril un projet massif de rachat d’actions. Cette offre publique d’achat d’actions, ou OPRA, impliquerait approximativement 20% du capital de Voyageurs du Monde, avec l’ambition de rendre les actions apportées à cette offre.
« Il est insensé de taxer les rachats d’actions », affirme Rial.
Durant la crise du Covid en 2021, nous avons réussi à collecter 130 millions d’euros pour renforcer notre situation financière, alors qu’en 2020, nos ventes avaient connu une baisse considérable de 85%, remémore M. Rial. Cet apport a soutenu notre liquidité. Cependant, la reprise économique a eu lieu plus rapidement que prévue, nous permettant de financer notre croissance à partir de notre rendement. De plus, malgré certaines acquisitions, nous n’avons pas identifié de cibles importantes. En conséquence, les fonds récoltés en 2021 sont investis en Sicav monétaires plutôt que dans notre production : ils sont inutilisés et il est juste de les redistribuer à nos actionnaires capables de les réinvestir dans les entreprises nécessitant du capital.
Néanmoins, précise M. Rial, Voyageurs du monde maintient une capacité d’investissement avec un coussin de trésorerie de 100 millions d’euros. En 2023, « Nous avons réparti 18 millions d’euros à nos employés sous forme de participation, d’intéressement et autres primes, en comparaison à un bénéfice net de 44 millions d’euros », explique le chef d’entreprise.
Ce dernier ajoute : « Si vous respectez ces critères, il serait absurde de taxer les rachats d’actions. Cela pourrait même s’avérer contre-productif. Les investisseurs ne sont pas des bienfaiteurs : s’ils se sentent sanctionnés par les rachats d’actions, ils seront réticents à investir en premier lieu. Dans un environnement aussi répressif, nous n’aurions pas été en mesure de collecter des fonds en 2021. »
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