Un incident est survenu le 4 novembre 2006, à 20 h 10, alors que les deux lignes haute tension traversant le fleuve Ems étaient coupées par les opérateurs d’électricité allemands RWE et E.ON. Cette opération, réalisée régulièrement pour permettre au bateau de croisière Norwegian-Pearl de naviguer en toute sécurité depuis son chantier naval jusqu’à la mer du Nord, a subi un contretemps. Une mésentente et une miscalculation entre les opérateurs a causé une surcharge sur les lignes restantes et une déconnexion de certaines parties du réseau européen. Cela a plongé environ 15 millions de domiciles et entreprises dans le noir pendant près d’une heure depuis l’Allemagne jusqu’au Maroc, en passant par la France et l’Espagne. Malgré une réaction rapide pour stabiliser le réseau, cette incident rappelle comment près nous sommes toujours d’une grande défaillance des services publics.
Bien que nous ayons tendance à oublier le rôle essentiel des réseaux électriques dans notre vie quotidienne, il suffit d’une panne de courant pour nous rappeler leur importance, comme l’a montré l’hiver 2022 suite aux conflits en Ukraine et à la suspension des approvisionnements en gaz russe.
Ces infrastructures, déjà vitales, le seront encore plus à l’avenir, avec le passage vers des formes d’énergie renouvelable dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Non seulement elles devront gérer un volume plus important d’électricité, mais elles devront aussi accueillir davantage d’énergies renouvelables, tout en s’adaptant aux défis posés par le changement climatique. Après la première révolution électrique initiée par Thomas Edison et Nikola Tesla à la fin du 19ème siècle, nous nous dirigeons vers une deuxième révolution, où l’électricité remplacera les combustibles fossiles comme moyen de lutte contre le changement climatique.
Selon Nouredine Hadjsaid, directeur du laboratoire G2Elab à Grenoble, il a fallu cent cinquante ans depuis l’apparition de la lampe Edison pour que l’électricité représente environ 25% de nos besoins énergétiques. Cependant, il prévoit que nous devrons atteindre 60% de dépendance à l’électricité en vingt-cinq ans seulement pour atteindre le niveau de neutralité carbone. Conçus pour acheminer l’électricité des zones de production jusqu’aux zones de consommation éloignées, les réseaux d’électricité sont, selon Hadjsaid, les infrastructures les plus sophistiquées jamais conçues par l’homme. Derrière les piliers en acier, les multiples lignes et transformateurs, se cache un monde immatériel en perpétuel changement. Marc Barthelemy, auteur du livre « Le Monde des réseaux » (Odile Jacob, 2023), compare l’opération d’un simple interrupteur à un petit miracle. Le reste de l’article est disponible pour les abonnés.
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