Catégories: Economie
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14 avril 2024 10 h 06 min

« Voitures électriques alimentant le réseau français »

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Est-ce un progrès tangible ? Pour la première fois en France, un employé de Renault a connecté son véhicule au réseau électrique dans le département des Yvelines en février. Renault 5 est le modèle inaugural à être commercialisé avec un chargeur à double sens permettant d’alimenter le réseau (V2G pour « vehicle-to-grid ») ou la maison de l’utilisateur (V2H, qui signifie « vehicle-to-home »).

« C’est un essai initial », déclare Pierre de Firmas, le directeur du département de mobilité électrique chez Enedis, la principale entreprise de gestion de réseau de distribution électrique et collaborateur dans ce projet. Il ajoute qu’environ quinze autres tests sont en cours avec la marque automobile française, indiquant que ce ne sont que quelques prototypes qui roulent actuellement.

Cette technologie, encore en phase naissante en France, permet de connecter les voitures électriques au réseau ou aux habitations non seulement pour se recharger, comme c’est le cas actuellement, mais aussi pour servir de source de production d’électricité en utilisant la batterie du véhicule, évitant ainsi de mettre à contribution le réseau.

« Un outil de flexibilité »

En France, le parc de véhicules hybrides et électriques pourrait s’élever à 17 millions d’unités d’ici 2035. « Avec l’adoption croissante de la mobilité électrique, cela deviendra un outil de flexibilité pour le réseau et ce service sera rémunéré par les propriétaires de véhicules », note François Legalland, directeur du Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux, un organisme de recherche du Commissariat à l’énergie atomique. En Californie, beaucoup d’utilisateurs de Tesla qui ont des installations solaires chez eux optimisent leur production en utilisant la batterie de leur voiture.

Pierre de Firmas admet que l’innovation du V2G semble très attrayante. Cependant, selon lui, il est essentiel de ne pas négliger les méthodes simplifiées de gestion de chargement qui permettraient d’optimiser davantage les coûts pour les consommateurs et la société. Un moyen de le faire serait par exemple de programmer automatiquement le chargement pendant les heures creuses, comme c’est le cas actuellement pour les 11 millions de chauffe-eaux. L’expert estime qu’en réussissant à mettre en place cette opération, nous pourrions économiser jusqu’à 10 gigawatts de consommation d’énergie au moment des pics de consommation.