Il y a neuf mois de cela, à savoir le 13 juillet 2023, l’Allemagne révélait son « Plan pour la Chine » (« China-Strategie »), un dossier de 64 pages justifié par une simple déclaration : « La Chine a évolué, ce qui nous contraint à revisiter notre rapport avec elle ». Centrale à la nouvelle orientation préconisée par Berlin est le concept de « derisking » (« réduction des risques »), c’est à dire l’obligation de minimiser la dépendance de l’économie allemande envers une Chine de plus en plus « dominatrice à l’intérieur et agressive à l’extérieur ».
Un an plus tôt, la guerre en Ukraine avait soulignée la dangereuse dépendance de l’Allemagne envers le gaz russe. Suite à cela, l’Allemagne affirmait avoir tiré une leçon importante. « Nous ne pouvons pas risquer de reproduire la même erreur que nous avons faite avec la Russie », a déclaré la ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors de l’annonce à la presse de la nouvelle « stratégie » de Berlin à l’égard de la Chine.
Pourquoi retenir de cette déclaration neuf mois plus tard ? Apparemment, pas grand chose, si l’on se fie à la visite programmée d’Olaf Scholz en Chine, du dimanche 14 au mardi 16 avril. Au regard de la durée – trois jours complets sur place, soit le plus long voyage à l’étranger du chancelier depuis son accession au pouvoir en décembre 2021 – et de l’ampleur de la délégation qui l’accompagne – les ministres des transports, de l’agriculture et de l’environnement, ainsi que plusieurs grands dirigeants, y compris ceux de Siemens, Bayer, Mercedes, BMW et ThyssenKrupp – ce voyage rappelle d’autres.
Les exportations vers la Chine ont augmenté de 136% entre 2009 et 2021.
Le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung a publié un article jeudi, suggérant que la politique chinoise de l’actuel chancelier allemand est très en ligne avec celle de son prédécesseur, Angela Merkel. Entre 2009 et 2021, les exportations allemandes vers la Chine ont connu une croissance significative de 136%, soit le double des exportations combinées de la France, du Royaume-Uni et de l’Italie, comme le montre une étude publiée en février par le groupe Rhodium basé à Berlin. De plus, sur les huit dernières années, l’Allemagne a représenté 58% des investissements directs de l’Union européenne en Chine, une augmentation de 20 points par rapport à la décennie précédente. Le reste de cet article est uniquement accessible aux abonnés.
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