Bien qu’ils restent opérationnels au jour le jour, les réseaux de télécommunications ukrainiens ont été gravement endommagés par les bombardements russes. Depuis le déclenchement du conflit en février 2022, approximativement 3200 stations de téléphonie mobile et plus de 60 000 kilomètres de câbles de fibre optique ont été endommagés, représentant un coût total d’environ 2,3 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros), selon les estimations du gouvernement ukrainien. La reconstruction de ces réseaux est une priorité pour le pays, au même titre que l’énergie, car ils sont vitaux pour la résistance du pays et seront essentiels pour la reprise économique anticipée après la guerre.
Malgré les bombardements continus, Kiev projette de commencer immédiatement un projet de reconstruction et de modernisation des réseaux de télécommunications, en s’appuyant sur l’expertise française. Mykhaïlo Fedorov, le vice-premier ministre chargé de l’innovation, de l’éducation, des sciences, des technologies et de la transformation numérique de l’Ukraine, a signé un accord avec InfraNum, la fédération qui rassemble plus de deux cents entreprises françaises du secteur des infrastructures numériques, en présence de Pierre Heilbronn, l’émissaire spécial du président Emmanuel Macron pour l’aide et la reconstruction de l’Ukraine, le mercredi 10 avril à Kiev.
Sur la base des déclarations de Philippe Le Grand, président d’InfraNum, des efforts sont en cours pour renforcer la présence française dans la réfection des infrastructures numériques en Ukraine. Selon lui, de nombreux pays se sont rapprochés de l’Ukraine avec cet objectif, ce qui stimule la France à prendre part compte tenu de son expertise en la matière. Le plan France très haut débit, lancé en 2013, a réussi à fournir un accès à la fibre à 84 % des bâtiments en France sur une période de dix ans. Ce succès fait de la France l’un des pays les mieux dotés en Europe en matière de fibre, avec l’Espagne, alors que seulement un quart des maisons en Allemagne sont connectées par fibre.
Au printemps 2023, dans le but de ne pas se laisser distancer par des rivaux américains, chinois ou européens, Le Grand a pris l’initiative de contacter Valeriya Ionan, la ministre ukrainienne de la transformation numérique, pour discuter de la manière dont l’industrie française des télécommunications pourrait contribuer à la réparation des réseaux. Selon lui, la France ne souhaite pas imposer ses entreprises et son organisation, mais plutôt participer à la reconstruction de manière collaborative et constructive.