Les trois cabinets influents ISS, Proxinvest et Glass Lewis, qui sont généralement pris en compte par les fonds d’investissement avant la prise de décisions lors des assemblées générales, critiquent la rétribution de Carlos Tavares, le PDG de Stellantis. Le 25 mars, ISS (International Shareholder Services) a adressé ses recommandations concernant l’assemblée générale du 16 avril aux actionnaires du constructeur automobile. Leur conseil est de désapprouver la rétribution de 2023 de M. Tavares, malgré la reconnaissance de la transparence exemplaire de la société, de son écoute et de ses excellents résultats. «La rémunération est démesurée même dans ces circonstances », conclut ISS dans une note consultée par Le Monde. ISS critique également les privilèges accordés à John Elkann, le président du groupe, notamment l’usage privé d’un avion.
Le document de référence de Stellantis, publié le 23 février, annonce que la rémunération de Carlos Tavares pour 2023 est de 36,5 millions d’euros, en intégrant des facteurs différés, en comparaison avec 23,5 millions d’euros en 2022. Toutefois, ISS estime plutôt cette rétribution à 42 millions d’euros pour 2023, après avoir était de 17,5 millions en 2022, en utilisant une méthode commune à toutes les entreprises. ISS fournit des indices relatifs au-delà de ces chiffres stratosphériques. La rémunération de 2022 représentait 0,10 % du bénéfice net du groupe et devrait représenter 0,23 % en 2023. Stellantis enregistre le deuxième meilleur résultat du CAC 40, précédé uniquement par Total.
ISS met également en contraste la rémunération de M. Tavares avec les salaires des dirigeants de grandes entreprises telles que Mercedes Benz, Volkswagen, Renault, Volvo tout comme Airbus, ArcelorMittal, Siemens, Thales, Thyssenkrupp, les entreprises pétrolières comme Total et Eni. Selon ISS, le directeur de Stellantis gagne un salaire qui est 6,77 fois supérieur au salaire médian de ses homologues.
Les privilèges du président, John Elkann, sont aussi critiqués
Ainsi, ISS affirme que la somme de 42 millions semble disproportionnée par rapport aux salaires des homologues choisis par ISS conformément aux standards européens et est même jugée élevée si comparée avec les salaires des homologues américains sélectionnés par l’entreprise elle-même. En réalité, Stellantis préfère mettre en parallèle le salaire de son dirigeant avec celui des dirigeants d’entreprises comme Ford, General Motors ou Exxon, étant donné que plus de la moitié des profits de la société sont réalisés aux États-Unis.
Le rapport de l’ISS attire l’attention sur la générosité des avantages accordés au président exécutif, y compris l’utilisation personnelle d’un avion, et au directeur général, avec des avantages fiscaux et des cotisations de retraite de 1,9 million d’euros. Carlos Tavares gagne un supplément de plus de 600 000 euros pour couvrir les charges fiscales liées à son travail en France et aux Pays-Bas, mais le rapport annuel de Stellantis n’apporte pas plus de précisions sur ce sujet. Les frais de transport de John Elkann s’élèvent à 430 760 euros, selon le rapport annuel de Stellantis, avec une rémunération totale de 4,8 millions d’euros. Elkann est le petit-fils de Giovanni Agnelli qui était lui-même le petit-fils du fondateur de Fiat. La société Exor, détenue par la famille Agnelli, détient une participation de 14,2% dans Stellantis, devançant la famille Peugeot (7%) et le gouvernement français via Bpifrance (6%). ISS fait remarquer que bien que John Elkann soit président en titre, c’est Henri de Castries, en tant qu’administrateur senior, qui assume réellement ce rôle au sein du conseil d’administration.
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