Tout au long de mars et un peu plus, la région du Centre a été mise à l’épreuve par des pluies torrentielles, dévastatrices pour les agriculteurs : les zones viticoles de Chinon dans le Val de Vienne ont été inondées. De plus, certains agriculteurs du Loir-et-Cher ont abandonné leurs semis de printemps : « Il a parfois plu l’équivalent d’une mois entier en 24 heures dans le sud-ouest de l’Indre. C’est la cause majeure des inondations rapides et des sols gorgés d’eau », affirment les bénévoles de l’association Météo Centre, qui compte 90 stations dispersées dans six départements.
A la ferme biologique de la Guilbardière, située à Monthou-sur-Bièvre (Loir-et-Cher), l’énergie est à plat. La station météorologique de la proche commune de Chailles a relevé 98,2 mm de pluie en mars, comparé à 21,6 en mars 2022 et 15 mm en mars 2012. « Si notre sol avait été sablonneux, l’eau aurait pu s’écouler facilement… mais comme il est argileux, il retient l’eau », explique Bertrand Monnier, l’un des quatre propriétaires. Depuis qu’il a commencé à pleuvoir abondamment, ils n’ont pas été en mesure de réaliser leurs semis d’hiver. Ils ont donc tenté de semer au printemps, en utilisant des variétés spécifiques de blé dur. Mais le climat prouvait sa domination. « Avec toutes ces précipitations, nous n’avons réussi à semer que la moitié de nos trente hectares, dans des conditions adverses et maintenant il est trop tard pour finir. »
M. Monnier a pris la décision d’exploiter au maximum sa prochaine petite récolte, ce qui implique qu’il ne pourra pas satisfaire tous ses clients, notamment la coopérative agricole. Toutefois, ils n’appliqueront pas de sanctions grâce à l’actuelle crise de l’agriculture biologique, car ils sont déjà en possession d’une année de stock de blé brut. M. Monnier a l’intention donc de convertir tout son blé en farine, avec laquelle il fabriquera des pâtes ou fournira des boulangeries biologiques locales.
Dans un contexte d’incertitude économique, Florian Perrin, un agriculteur-éleveur de Saint-Laurent-Nouan vivant au bord de la Sologne et dont la famille est présente depuis quatre générations, voit les deux tours de refroidissement de la centrale EDF dominer ses champs. Les pluies intenses récentes ont fait stagner de l’eau à certains points de ses terrains semés cet automne, mais les répercussions sont minimales. Cependant, il doit encore reporter la mise en pâturage de son bétail sur ses prairies, car l’herbe, qui devient moins nourrissante avec sa croissance, risque d’être gaspillée par ses vaches. A cause de leur confinement dans un bâtiment, son stock de foin se réduit rapidement.
Il reste encore à M. Perrin 30 hectares de maïs à semer. « Cependant, les champs doivent d’abord sécher, sans oublier les maladies qui se diffusent parmi les céréales et auxquelles on ne peut pas remédier », selon M. Perrin qui n’utilise que très peu de traitements. La plaine de Beauce, située sur l’autre rive de la Loire et connue pour ses vastes plaines cultivées surtout avec des céréales et des oléagineux, est actuellement inondée de colza en fleur. Il est cependant encore trop tôt pour déterminer s’il produira efficacement des graines.
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