Emmanuel Macron avait dévoilé surprenement son intention de créer des « prix minimums » pour augmenter la rémunération des agriculteurs lors de l’ouverture tumultueuse du Salon de l’agriculture à Paris, le samedi 24 février, en plein mécontentement agricole. Un texte législatif promouvant ces prix minimums, proposé par les écologistes dans leur « niche » parlementaire, dans le but d’assurer « un revenu décent aux agriculteurs », a été adopté en première lecture le jeudi 4 avril à l’Assemblée Nationale.
L’adoption est intervenue après 23 heures de discussions, par 89 votes pour et 66 contre. La gauche a voté pour, le Rassemblement national s’est abstenu, les députés des Républicains n’étant pas présents pour le vote. En revanche, la majorité gouvernementale a voté contre. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, présente à la séance, a rejeté la mesure, la qualifiant d’ « inefficace », bien que le gouvernement « accorde toute son attention » à la question du revenu des agriculteurs.
Selon elle, « la voie qui mène à la fixation des prix par l’administration doit être évitée » car ce n’est pas au gouvernement de « fixer le prix d’un secteur économique ». De plus, « établir un prix plancher qui, par définition, ne s’appliquerait qu’à la production nationale, pourrait donner un avantage aux produits importés, au détriment de nos agriculteurs », a-t-elle précisé selon l’AFP.
Un débat animé.
La députée écologiste de la Drôme, Marie Pochon, a présenté un projet de loi qui oblige chaque secteur à évaluer tous les quatre mois les coûts de production agricole, y compris une rémunération des agriculteurs deux fois supérieure au salaire minimum. Le prix d’achat minimum pour les produits agricoles ne peut être inférieur à ces coûts de production et est déterminé lors d’une conférence publique. En l’absence de consensus, le médiateur des relations commerciales rapportera aux ministres, qui décideront ultimement du prix minimal.
Cette suggestion avait déjà été avancée dans un document soumis par LFI en novembre, qui a été rejeté par l’Assemblée. Le président de la République a ravivé la discussion sur les prix minimum à la fin de février à la demande du syndicat agricole de la Confédération paysanne. Par la suite, Bruno Le Maire a plaidé pour la proposition présidentielle en déclarant : « Le prix minimum n’est pas un prix uniforme. Il n’y a aucune raison que le secteur agricole soit le seul à subir des pertes. C’est à la fois injuste sur le plan moral et inefficace d’un point de vue économique. »
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