Les méthaniseurs, de grandes structures cylindriques coiffées d’un dôme, génèrent du biogaz par fermentation de matières organiques provenant de déchets. Bien qu’encore peu reconnus, ils sont destinés à se multiplier dans le futur.
Selon GRDF, premier distributeur de gaz national et filiale d’Engie, on estime que la production de gaz à partir de la méthanisation atteindrait 50 térawattheures par an (TWh/an) en 2030 en France, contre 12 à fin 2023. Cela a été annoncé le 4 avril, lors d’une conférence de presse. De 3% fin 2023, la part du biogaz injectée dans les réseaux passerait à 20% en sept ans, réduisant ainsi la part du gaz fossile.
Les méthaniseurs transforment les matières organiques en un résidu nommé digestat, qui sert d’engrais naturel, et en biogaz. Ce biogaz est ensuite purifié pour devenir du biométhane et est injecté dans le réseau. En moyenne, sur les cinq dernières années, 115 sites ont été connectés au réseau de distribution. On prévoit d’en connecter 92 en 2024 et une cinquantaine en 2025.
Il y a eu des oppositions locales à cela. « Le tarif de rachat n’était pas approprié. Cela a retardé le développement des projets. La situation a été normalisée avec la révision de juin 2023 », explique Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF. Un décret publié en juin 2023 a augmenté d’environ 12% le prix payé aux producteurs de biométhane et a également instauré deux révisions annuelles au lieu d’une précédemment.
Grâce à certaines stratégies, la filière de la méthanisation a pu être revitalisée. Actuellement, le secteur dépend principalement des agriculteurs qui opèrent soit individuellement, soit en consortiums, représentant plus de 80 % des 652 installations de production établies à la fin de l’année 2023. De plus, d’autres filières utilisant les résidus de stations d’épuration, les déchets d’ordures ménagères et les bio-déchets issus du tri sélectif, sont en plein développement.
Un autre facteur de croissance est l’extension de l’obligation de trier les déchets organiques aux particuliers, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024, selon la loi antigaspillage de 2020. Le GRDF estime le potentiel de production de biométhane à partir de ces bio-déchets à environ 20 TWh/an.
L’introduction des certificats de production de biogaz (CPB) devrait également stimuler l’industrie. Le décret fixant les volumes de CPB que les fournisseurs de gaz devront acquérir, qui devrait être publié cet été, devrait lancer de nouveaux projets, menés notamment par les acteurs énergétiques tels qu’Engie et TotalEnergies (anciennement Total). GRDF estime également ce potentiel à 20 TWh/an pour de grandes installations, ce qui suscite parfois une résistance locale.
Par exemple, à Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique), un projet de méthaniseur de grande envergure a vu son autorisation refusée par la préfecture en décembre 2023, suite à une enquête publique. Les riverains craignaient une augmentation du trafic routier et d’éventuelles fuites susceptibles de provoquer la pollution de l’air, de l’eau et du sol.
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