Dans le passé, à l’aube du nouveau siècle, General Electric (GE) dominait le classement mondial des capitalisations, avec une valeur proche des 600 milliards de dollars, soit environ 557 milliards d’euros. Aujourd’hui, sa valeur a diminué de quatre fois, atteignant seulement 153 milliards de dollars, reléguant l’entreprise à une place dépassant le top 50 des capitalisations boursières américaines.
Au fil des ans, ce conglomérat fondé en 1892 par le prodige technologique Thomas Edison et perfectionné par Jack Welch, icône de la gestion brute dans les années 1980, s’est transformé en une société à produit unique, centrée sur la fabrication de moteurs d’avion sous le label GE Aerospace. En 2023, elle a mis en bourse sa division de la santé, General Electric HealthCare, une entreprise spécialisée dans l’imagerie médicale. Le 2 avril dernier, son processus de transformation s’est achevé avec l’introduction à la bourse de Wall Street de GE Vernova, sa division dédiée aux énergies renouvelables. Ces deux entités ont une valeur boursière respectivement de 41 et 37 milliards de dollars.
Il fut une époque, il y a quarante ans de cela, où GE était l’exemple rare d’un conglomérat diversifié performant sur les marchés boursiers. Habituellement, de tels géants subissent une décote, les investisseurs évaluant différemment les multiples activités sans lien entre elles, ne faisant pas confiance à leurs dirigeants pour les gérer efficacement. Ce n’est qu’en cas de complémentarité d’activités ou d’un dirigeant particulièrement doué que cette règle peut être contournée. De la production de chaudières à l’industrie des médias.
De 1981 à 2001, Jack Welch a gouverné le destin du groupe américain transformant le conglomérat en une puissance financière robuste nommée GE Finance. Il a opéré des réductions de coûts conséquentes et orchestré des acquisitions diversifiées, y compris dans le secteur des médias avec NBC en 1986. Pendant son leadership, la valeur du groupe est passée de 12 milliards à un sommet de 594 milliards de dollars. GE était perçu comme une institution du management à part entière, avec des dirigeants convaincus qu’ils étaient préparés à toucher à tous les domaines, des chaudières nucléaires à la finance en passant par les médias, se considérant comme les meilleurs.
Cependant, les successeurs de Jack Welch, moins ambitieux, ont continué sur la même trajectoire, rachetant les activités éoliennes d’Enron en 2002 après sa faillite. Puis la crise financière de 2008 est arrivée, mettant en lumière les faiblesses du conglomérat : sans ses revenus financiers, GE était peu rentable et son secteur industriel ne générait pas beaucoup d’argent. Le conglomérat s’est vu contraint de faire appel à l’aide du milliardaire Warren Buffett. Ce fut le début d’un déclin marqué qui a atteint son point culminant en 2018, lorsque GE, ne valant plus que 115 milliards de dollars, a été expulsé de l’indice Dow Jones des trente principales capitalisations américaines.
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