L’introduction du salaire minimum au Royaume-Uni, il y a vingt-cinq ans précisément le 1ᵉʳ avril 1999, a suscité de vigoureuses controverses. Michael Howard, alors ministre conservateur du travail (1990 à 1992), avait prédit avec alarmisme que jusqu’à deux millions de personnes pourraient se retrouver sans emploi. En effet, la Fédération des épiceries menaçait de devoir renvoyer la moitié de son personnel. John Redwood, un député conservateur, faisait part de son inquiétude en affirmant que « le Parti travailliste veut faire disparaître l’échelle d’opportunités que tant de gens aspirent à escalader ». Même les économistes étaient profondément divisés sur la question.
Cependant, vingt-cinq ans plus tard, l’institut de recherche britannique, la Resolution Foundation, considère cette politique comme l’une des plus réussies de ces dernières générations. Le taux de chômage n’a pas du tout augmenté, s’établissant actuellement à 3,9% et cette mesure bénéficie désormais d’un consensus politique.
Le salaire minimum a été initialement fixé à un niveau très bas de 3,60 livres l’heure, soit 47% du salaire médian de l’époque. Le 1ᵉʳ avril, il a connu une hausse de 10% pour s’établir à 11,40 livres l’heure, soit deux tiers du salaire médian. Cette rémunération horaire minimum, qui équivaut à 13,40 euros, est bien supérieure au SMIC français fixé à 11,65 euros.
De plus, le Royaume-Uni ne connaît pas un phénomène de « smicardisation » de la société. En effet, seulement 5% des employés sont rémunérés au salaire minimum contre 17% en France. Kevin Hollinrake, secrétaire d’État aux entreprises, admet aujourd’hui que « les inquiétudes de l’époque, y compris celles de certains membres de mon parti, étaient infondées ».
Le succès de la mise en place de la mesure peut être attribué à une approche prudente. Face à des discussions animées sur le sujet, le gouvernement de Tony Blair a non seulement fixé le salaire minimum à un niveau très faible (seulement 2% des travailleurs étaient concernés au début), mais a également établi une commission indépendante composée d’experts des syndicats, des milieux d’affaires et du monde universitaire pour déterminer son montant annuellement.
Selon Rain Newton-Smith, directrice de la Confederation of British Industry, une organisation patronale initialement opposée à la création du salaire minimum, ce processus reflète un exemple de dialogue social efficace qui a su rassurer les acteurs concernés.
Une autre preuve de cette prudence est l’échelle progressive pour les salaires minimums en fonction de l’âge, avec un seuil plus bas pour les moins de 18 ans, puis un autre pour les 18 à 20 ans et enfin un troisième pour les personnes de plus de 21 ans (initialement fixé à 23 ans).
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