Après quatre mois d’enquête sur l’attribution des fréquences TNT, ayant inclus quarante-quatre auditions, des interrogations orientées idéologiquement ou imprécises et diverses controverses, un épisode de dix minutes a particulièrement marqué les esprits par sa nature ironique. C’était aux environs de 17 heures, le jeudi 28 mars, à l’issue de deux heures de discussion avec cinq anciens ministres de la culture. Constance Le Grip (Renaissance, Hauts-de-Seine), députée, souhaitait solliciter l’opinion de Rima Abdul Malak (2022-2024) concernant l’idée d’une direction commune pour les compagnies du secteur public audiovisuel. Ce projet d’unir les forces de Radio France et France Télévisions, exposé depuis 2017 mais mis en pause par la crise du Covid-19, a refait surface grâce à Rachida Dati.
Rima Abdul Malak a exposé sa position, selon laquelle la nécessité d’un holding comme étape préalable à une fusion (ou non) n’était pas nécessaire, une conviction qu’elle a toujours maintenue. Des rapprochements sont possibles d’une autre manière, en établissant des objectifs bien définis dans les contrats d’objectifs et de moyens (les plans directeurs des entreprises du secteur public audiovisuel) et en basant le financement sur ces objectifs. Cette réponse n’était pas celle que Quentin Bataillon (Renaissance, Loire), président de la commission, espérait. Le dimanche 24 mars, il avait co-signé avec le sénateur Laurent Lafon (UDI, Val-de-Marne) un article dans La Tribune Dimanche appelant à la création d’une « structure commune, qui pourrait s’appeler France Médias ».
Roselyne Bachelot (2020-2022) allait-elle fournir l’appui tant attendu ? « L’excuse des économies de gestion générées par les holdings, ce n’est plus une nouveauté pour moi ! », a déclaré Roselyne Bachelot, arborant une plume bleue sur sa veste. « On va se procurer un superbe bâtiment, peuplé par un président avec une voiture de fonction (…) Et tout ça sera incendié et mis en ruines! »
« Un placebo »
Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture de 2004 à 2007, ajouta : « La guerre est à nos portes en Europe, un principal est contraint d’abandonner son poste. Nous sommes dans une ère de crise profonde. (…) Retournons à ce qui est primordial et urgent, ce qui fait flamber nos cœurs et nos esprits, et ne se trouve pas dans les discussions structurelles. »
Le coup de théâtre fut livré par Jacques Toubon, 82 ans (1993-1995) : « Mes confrères ont exprimé exactement ce qu’il fallait. (…) Ou cela signifie (…) qu’on préfère offrir un placebo nommé fusion à toutes ces questions parfois ardues et affligeantes. »
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