La perspective d’un rassemblement fâché de fermiers a eu des répercussions notables sur les responsabilités politiques des nations de l’Union Européenne, spécifiquement pour la France et la Pologne. Suite à des demandes pour revoir les engagements environnementaux européens, la crainte d’une révolte agricole a incité ces deux pays, entre autres, à reconsidérer leurs promesses envers l’Ukraine.
Mercredi 20 mars, un accord a été trouvé entre les membres de l’Union Européenne et le Parlement concernant la limitation des importations ukrainiennes, comme le poulet, les œufs, le maïs, le sucre, l’avoine, le miel, les céréales, etc., sans payer de droits de douane. Au-delà de la production de 2022-2023, ces produits seront taxés comme ils l’étaient avant. Pour balancer ce changement, une taxe sera mise en place pour les importations de céréales en provenance de Russie et de Biélorussie.
Le ministre français de l’agriculture juge ces nouvelles mesures insuffisantes et elles devraient être mises en œuvre le 6 juin lors du renouvellement de l’accord de libre-échange avec l’Ukraine, dans le cadre de la guerre. Le soutien à une économie en ruine a ses limites, comme une concurrence que les fermiers européens critiquent vivement alors qu’ils estiment que leurs homologues ukrainiens tirent un grand avantage de l’aide financière externe. Par exemple, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement a prêté près de 890 millions d’euros à des producteurs, exportateurs et importateurs de l’agroalimentaire ukrainien. Est-ce une concurrence déloyale?
« Nos fonds ne sont pas des dons »
Odile Renaud-Basso, la présidente de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), a affirmé que la situation est plus complexe qu’elle ne paraît. Elle a souligné l’importance des producteurs agricoles ukrainiens dont le monde a besoin, comme l’a prouvé l’impact sur les prix des matières premières après le déclenchement de la guerre. La BERD œuvre pour aider ces producteurs à atteindre d’autres marchés internationaux tout en soutenant également l’agribusiness dans les pays européens où elle investit. Ses financements ne sont pas des dons, mais des prêts avec des taux du marché.
La BERD, une institution relativement discrète créée en 1991 grâce à une initiative française pour soutenir le développement de l’Europe centrale et de l’est après la chute du mur de Berlin, se retrouve sous les projecteurs. Bien qu’elle soit beaucoup plus petite que la Banque européenne d’investissement ou la Banque mondiale, elle est devenue, en l’espace de deux ans, le principal prêteur institutionnel pour les entreprises ukrainiennes. Cela représente une forme de soutien à l’effort de guerre du pays.
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