Nazar Mohamed et son fils Azruddin avaient des ambitions de dominer l’industrie pétrolière. Ils faisaient partie d’un consortium qui avait obtenu un contrat profitable de 300 millions de dollars (277 millions d’euros) avec l’entreprise pétrolière Exxon pour construire une base logistique en mer près de la capitale du Guyana, Georgetown, en avril 2022. Cependant, une enquête publiée par Reuters en été 2023 a mis fin à leurs projets. D’après l’agence de presse, qui s’appuie sur plusieurs rapports et témoignages des services de renseignement américains, le père et le fils font l’objet d’enquêtes pour blanchiment d’argent, trafic de drogue et contrebande d’or aux États-Unis. Tout en niant ces accusations, ils ont décidé de se retirer du consortium après avoir refusé de répondre aux questions du Monde.
Les Mohamed sont parmi les hommes d’affaires les plus connus et extravagants du Guyana. Selon le récit officiel, le père, originaire d’un village de pêcheurs modestes, serait devenu riche grâce à son travail acharné, en passant d’ouvrier dans une scierie à vendeur de fermetures Eclair, puis à cambiste et producteur d’or.
L’existence de son fils est bien documentée sur son compte Instagram. Il se montre manœuvrant un jet-ski, un speedboat ou même une Ferrari, avec des mocassins sur la pédale d’accélération et une coupe de champagne à la main. On peut aussi le voir dans son palais, assis sur un escalier aux marches de marbre blanc finement sculptées, ou distribuant des jouets, des imprimantes, des ordinateurs voire des maisons aux plus démunis, qui l’enlacent en guise de gratitude.
Avec l’émergence de l’industrie pétrolière, un grand nombre d’hommes d’affaires en Guyane sont en train de faire la transition du commerce illégal vers les comptes d’approvisionnement légitimes, de la monnaie non déclarée vers les bilans validés par des comptables agréés, et des armes à la publicité. En d’autres termes, ils passent de l’obscurité à la lumière. Cela est dû aux nombreuses opportunités disponibles, grâce à la législation adoptée en 2021, exigeant que chaque investisseur étranger dans le domaine du gaz et du pétrole s’associe avec un partenaire local. Les participations minimales requises varient en fonction des industries concernées, tout comme le pourcentage minimal de citoyens guyaniens qui doivent être employés parmi le personnel et les cadres. Le « contenu local » est une règle si strictement appliquée qu’une agence gouvernementale est spécialement affectée pour son application, en gardant un œil sur les partenaires locaux fictifs – une pratique frauduleuse appelée « Rent a citizen », c’est-à-dire « location d’un citoyen ».
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